Diabète de type 2 : les rémissions à long terme sont-elles possibles ?

18/10/2022 Par Sylvie Coito
Diabétologie
La rémission du diabète se définit comme un retour à une Hb1Ac inférieure à 6,5% sans traitement pendant au moins 3 mois. Elle nécessite une perte de poids de 10 à 15kg. Cependant les rechutes sont fréquentes.
 

En 2021, le rapport de consensus actualisé de l'American Diabetes Association a défini la rémission du diabète comme « un retour de l'hémoglobine glyquée (HbA1c) à moins de 6,5 % qui se produit spontanément ou à la suite d'une intervention et qui persiste pendant au moins 3 mois en l'absence de pharmacothérapie hypoglycémiante habituelle ». Cette définition sous-entend donc que tous les médicaments hypoglycémiants doivent être arrêtés pendant une période suffisante pour ne pas interférer dans les résultats d'HbA1c. Désormais, le traitement du diabète de type 2 (DT2) passe par la gestion de l'obésité et la Dre Amy Rothberg (Université du Michigan), a expliqué que des modifications réussies du mode de vie, des chirurgies bariatriques ou les médicaments hypoglycémiants, qui aident à perdre du poids, permettent d’améliorer la gestion du diabète et peuvent aider les patients à atteindre la rémission.   Une perte de poids indispensable Le Dr Michael Lean, nutritionniste à Glasgow, souligne l’intérêt de l'étude DiRECT. Dans le groupe d'intervention de cette étude, les patients ont perdu en moyenne 10 kg au bout d’un an après un régime hypocalorique drastique suivi d'une réintroduction d'aliments et maintien de la perte de poids à long terme sans autre thérapie. Après cette période, 46 % des patients diabétiques de type 2  étaient en rémission. Après 2 ans, 70% d’entre eux l’étaient encore. Au final, de nombreux bénéfices supplémentaires ont été atteints : un allongement de l'espérance de vie, une amélioration de la qualité de vie et un coût de soin réduit. Les remissions s'accompagnent de perte de graisse ectopique, la morphologie du pancréas redevient normale et la fonction des cellules β est restaurée. Les résultats étaient similaires dans l'étude RETUNE portant sur des patients atteints de DT2 mais dont l'indice de masse corporelle était inférieur à 27 kg/m2. Parmi eux, 70 % des patients ayant perdu en moyenne 8 % de leur poids sont entré en rémission. « La perte de poids même en l'absence de surpoids important est bénéfique pour améliorer le DT2, le niveau de graisse au niveau hépatique et pancréatique redevient normal » explique le Dr Lean. De même, l'étude STANDby, réalisée sur des patients asiatiques, a montré une rémission dans 43 % des cas après perte de poids.  Pour le Dr Lean insiste, « il faut agir sur la prévention du gain de poids, sur la perte de poids, sur le maintien de la perte de poids, et sur la gestion des risques cardio-métaboliques ». Il rappelle que l’espérance de vie du cancer du sein à 10 ans est de 80 %, pour les lymphomes non hodgkiniens de 60 % mais seulement de 50 % pour le DT2. « La perte de poids pour la rémission du DT2 est aussi importante que la chimiothérapie dans le cancer » conclu-il.   Rechutes fréquentes après une rémission La rechute se définie par la résurgence du diabète après une période de rémission étayée biologiquement par les taux d'HbA1c, de glycémie à jeun ou après HGPO ou la reprise d'un traitement antidiabétique. La Dre Blandine Laferrere, endocrinologue à New-York, explique que la rémission peut ne pas durer. Différentes études ont montré l’existence de rechutes après des traitements par insuline intensive, ou par traitement à base de GLP-1 comme l'exenatide. Dans l’étude l'étude Look Ahead, les rechutes étaient corrélées à la reprise du poids des patients. La Dre Laferrere précise aussi que le taux de rechute peut varier fortement de 12 % à 94 %, selon le nombre d'années de suivi depuis la chirurgie. « Bien que le mécanisme exact de la rechute ne soit pas connu, la perte progressive de la fonction des cellules β est susceptible d'être un facteur prédictif ». En effet, les améliorations de la fonction des cellules β étaient maintenues dans le temps chez les patients ayant obtenu une rémission complète, alors qu'elles se détérioraient après 2 ans chez les patients susceptibles de rechuter. Face aux rechutes qui semblent inévitables, la Dre Laferrere s'est voulu rassurante en expliquant que la récidive du DT2 pouvait être prévenue par une intervention précoce, un maintien d'un mode de vie approprié et des traitements visant à préserver la fonction des cellules β.  

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