En Asie, la dissection sous muqueuse endoscopique (DSM) des larges lésions colorectales superficielles est le traitement de référence. En occident, elle reste débattue malgré ses bénéfices, en raison de sa technicité et de son risque de complication au niveau du colon notamment. Une étude de la cohorte française multicentrique prospective FECCO a analysé, de 2019 à 2022, 3 957 procédures en comparant les résultats dans le rectum et dans le colon. Les larges lésions superficielles (>2 cm) représentent 1 % des 1,2 million de coloscopies réalisées en France. Parmi ces lésions, 10% sont des cancers T1 débutants dont 10% de ganglions positifs. « Un traitement local peut donc guérir 99% de ces larges lésions superficielles. Nous avons de nombreuses données confirmant qu'au niveau du colon, l'endoscopie par les voies naturelles est supérieur au traitement chirurgical pour ces lésions, notamment du point de vue de la morbidité (chirurgie : 20% avec des réinterventions dans 10 % des cas vs DSM : 5 à 6 %) et de la mortalité (chirurgie : 1 et 3 % selon les séries vs DSM : proche de 0%). D’autre part, le geste endoscopique, une technique mini-invasive, n’induit pas de séquelles fonctionnelles contrairement au geste chirurgical. De même dans les lésions rectales, l’endoscopie fait mieux que la chirurgie transanale notamment grâce aux optiques de caméra qui nous permettent de mieux voir ces lésions. Cette révolution a également été grandement facilitée par la miniaturisation des outils chirurgicaux », a déclaré le Pr Jérémie Jacques (CHU Limoges). Les 3 957 DSM colorectales (55% d’hommes ; âge moyen de 69 ans) ont été réalisées dans 13 centres (dont 12 répartis sur le territoire français) par 35 opérateurs. Les lésions, de localisation colique dans 62% des cas (54 mm en moyenne), étaient soit des tumeurs à extension latérale (LST) granulaires (66%), soit non granulaires (21%), soit des « protruding » lésions ou nodules hétérogènes (12%). Les lésions rectales étaient plus grosses (60 mm) que dans le colon (50 mm). Le taux de résection monobloc était supérieur dans le rectum (96%) que dans le colon (94%). L’exérèse de l’intégralité de la tumeur était similaire, mais la résection était plus fréquemment curative dans le colon (85,6%) que dans le rectum (81,3%). La perforation per procédure était supérieure dans le colon (10,6%) que dans le rectum (7,1%) et l’hémorragie post geste supérieure dans le rectum (4,5%) que dans le colon (6,8%). Enfin, le recours à la chirurgie pour complications était de 1,3% dans le colon contre 0,3% dans le groupe rectal. La durée d'hospitalisation était plus longue pour les lésions coliques (2 jours) que pour le rectum (1 jour). « Cette étude confirme l'excellence de la France. La technique de traction (79% des DSM), spécificité française, a également révolutionné la procédure. Les résultats carcinologiques sont très bons. L’efficacité de la DSM en France est confirmée à grande échelle et incite à utiliser cette technique en première intention pour le traitement des lésions colorectales superficielles > 2 cm. De plus, les centres sont répartis sur tout le territoire français et de nombreux autres, formés depuis, veulent intégrer la cohorte », conclut le spécialiste.
-Carcinome hépatocellulaire : de nouvelles données épidémiologiques et thérapeutiques
-Prévention des cancers : les bénéfices de l’activité physique
-Mici : quel impact des aliments transformés
-Cancer colorectal : vers un suivi simplifié après une chirurgie curative
La sélection de la rédaction
Approuvez-vous la nomination du Dr Yannick Neuder à la Santé ?
Michel Rivoal
Non
Disons que j'ai plutôt une réserve. Ce qui me gène n'est pas qu'il soit médecin ou pas et cardiologue ou pas et hospitalier ou p... Lire plus