Le leader mondial de l'homéopathie, Boiron, vient de présenter les résultats d'une vaste étude attestant de l'intérêt de l’homéopathie dans la pratique médicale. Ce travail a fait l'objet de onze publications dans des revues scientifiques internationales. Et cette méthode thérapeutique fait aussi son entrée à l’hôpital, où les consultations se multiplient, notamment dans les soins de support en oncologie.
L’homéopathie vient de se retrouver accusée une nouvelle fois d’inefficacité et de ne pas avoir plus de valeur thérapeutique qu'un placebo dans un rapport du Conseil scientifique des Académies des sciences européennes publié le 20 septembre, compilant les nombreuses recherches déjà réalisées sur le sujet. Alors que sortait cette publication, le leader mondial de l'homéopathie, les laboratoires Boiron, avait invité de longue date la presse les 3 et 4 octobre sur son nouveau site de Messimy (69) pour présenter les résultats définitifs d’une étude de pharmaco-épidémiologie de vaste ampleur réalisée en médecine générale en France. Cette étude commanditée par Boiron, baptisée EPI 3, montre que l’homéopathie s’inscrit dans le quotidien de nombreux médecins. Elle est efficiente et présente un intérêt majeur de santé publique.
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EPI 3 a été conduite de 2005 à 2012 pour répondre à la demande des autorités de santé. S’il a été réalisé à l’initiative des laboratoires Boiron, financé par lui - à hauteur de 6 millions d'euros, ce programme a été coordonné par un cabinet totalement indépendant (Laser), dirigé par le Pr Lucien Abenhaïm, ancien directeur général de la Santé, et supervisé par un comité scientifique, présidé par le Pr Bernard Bégaud, pharmacologue (université Bordeaux-II et U 657 Inserm), et comprenant des personnalités loin du monde homéopathique. L’étude a fait l'objet de onze publications dans des revues scientifiques internationales, entre 2011 et 2016 (1-11, voir encadré). L’étude a mobilisé 825 médecins et 8559 patients de 2005 à 2012, et portait sur trois indications : les infections des voies aériennes supérieures (IVAS), les douleurs musculo-squelettiques (DMS) et les troubles anxio-dépressifs et du sommeil (SAD), pathologies qui représentent 50% des consultations chez les médecins généralistes en France. Elle montre que, dans ces trois domaines thérapeutiques, les patients soignés par homéopathie présentent la même évolution clinique et un taux de complications comparable que les patients soignés de manière conventionnelle. Mais avec une consommation de médicaments deux fois moindre (voire trois fois moindre pour ce qui est des psychotropes). Ainsi, sur douze mois chez les patients souffrant de DMS aigus et chroniques, les bénéfices cliniques et l’évolution de la douleur étaient comparables, mais les patients suivis par un médecin homéopathe avaient une probabilité de consommer des AINS de 48% inférieure à des patients suivis par des médecins allopathes. Et les patients ayant des douleurs chroniques avaient une probabilité de consommer des AINS 60% inférieure et étaient donc moins exposés aux effets secondaires. Par ailleurs, évalué par le questionnaire SF-12, le score de qualité de vie des patients est globalement identique, quelle que soit la prise en charge. Et l'étude note qu'un patient suivi par un médecin homéopathe coûte 35% de moins à la Sécurité Sociale, en prenant en compte le coût de la consultation et celui de la prescription. Ceci étant, l'étude relève que "les médecins homéopathes ont davantage de patientes, avec un niveau d’éducation plus élevé, moins de fumeurs. Leur patientèle valorise davantage sa propre participation aux soins et a une approche généralement plus holistique de la santé. Leur patientèle a davantage de pathologie articulaire, d’anxiété et de dépression, et moins de pathologie cardiovasculaire".
La place de l’homéopathie en médecine générale
L’étude EPI 3 a exploré également les déterminants socio-démographiques et médicaux des patients selon la pratique de leur médecin. Les données de l’étude montrent que le médecin homéopathe était le médecin traitant de 57 % des patients qu’il recevait, cette part étant respectivement de 83 % pour les médecins à pratique "mixte" et 84 % pour les médecins de pratique conventionnelle. Un médecin sur cinq considéré comme "conventionnel" a en réalité une pratique "mixte" et prescrit des médicaments homéopathiques quotidiennement à ses patients. A l’inverse, les médecins homéopathes ne sont pas "exclusifs" et utilisent tout l’arsenal thérapeutique même si, en première intention, ils ont un recours privilégié aux médicaments homéopathiques. Les médecins homéopathes sont plus souvent des femmes, exerçant plus volontiers en secteur 2. A la suite des premiers résultats de cette vaste étude, Valérie Lorentz-Poinsot, directrice générale déléguée de Boiron, souligne que "nous avons été étonnés d'avoir d'aussi bons retours". Cette étude "montre que la médecine homéopathique est efficace. Les médecins recourant à l'homéopathie font une médecine qui permet de bien soigner". Une entrée à l’hôpital "Je suis dans l'entreprise depuis 47 ans et les détracteurs de l'homéopathie disent toujours le même type de choses", a relevé le directeur général de l'entreprise familiale, Christian Boiron, interrogé sur ces critiques. "Je ne leur en veux pas parce qu’ils critiquent l'homéopathie, mais parce qu'ils la critiquent de manière insuffisamment fondée." Les résultats d’EPI 3 ont encouragé Boiron à défricher de nouveaux domaines pour ses traitements. L’homéopathie fait ainsi son entrée à l’hôpital dans les soins de support en oncologie. Un premier test d'accompagnement de patientes ayant un cancer du sein, et souffrant de douleurs articulaires liées à leur traitement par hormonothérapie, a donné des résultats encourageants (12) et va donner lieu à un essai plus vaste à l'Institut de cancérologie Jean Godinot de Reims. "Dans plusieurs hôpitaux, des consultations d’homéopathie ont été mises en place et les oncologues, autrefois réticents, sont de plus en plus nombreux à comprendre l’intérêt de cette pratique", a souligné le Dr Emmanuel Berland, oncologue radiothérapeute (CH de Chambéry). Références
1 ROSSIGNOL M.; BEGAUD B.; AVOUAC B.; LERT F.; ROUILLON F.; BENICHOU J.; MASSOL J.; DURU G.; MAGNIER A.M.; GUILLEMOT D.; GRIMALDI-BENSOUDA L.; ABENHAIM L. Who seeks primary care for musculoskeletal disorders (MSDs) with physicians prescribing homeopathy and other complementary medicine ? Results form the EPI3-LASER survey in France. BMC Musculoskeletal Disorders, 2011, 12:21 doi:10.1186/1471-2474-12-21 ; 1-6."
2 ROSSIGNOL M.; BEGAUD B.; AVOUAC B.; LERT F.; ROUILLON F.; BENICHOU J.; MASSOL J.; DURU G.; MAGNIER A.M.; GUILLEMOT D.; GRIMALDI-BENSOUDA L.; ABENHAIM L. Benchmarking clinical management of spinal and non-spinal disorders using quality of life. Results from the EPI3-LASER survey in primary care. European Spine Journal, 2011, doi:10.1007/s00586-011-1780-z ; 1-7.
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4 GRIMALDI-BENSOUDA L. ; ENGEL P.; MASSOL J.; GUILLEMOT D.; AVOUAC B.; DURU G.; LERT F.; MAGNIER A.M.; ROSSIGNOL M.; ROUILLON F.; ABENHAIM L.; BEGAUD B.; EPI3-LA-SER group. Who seeks primary care for sleep, anxiety and depressive disorders from physicians prescribing homeopathic and other complementary medicine? Results from the EPI3 population survey. BMJ Open, 2012, 2(6): e001498. doi: 10.1136/bmjopen-2012-001498. ; 1-10."
5 LERT F.; GRIMALDI-BENSOUDA L.; ROUILLON F.; MASSOL J.; GUILLEMOT D; AVOUAC B.; DURU G.; MAGNIER A.M.; ROSSIGNOL M.; ABENHAIM L.; BEGAUD B.; EPI3-LA-SER Group. Characteristics of patients consulting their regular primary care physician according to their prescribing preferences for homeopathy and complementary medicine. Homeopathy, 2014, 103(1) ; 51-57.
6 ROSSIGNOL M.; BEGAUD B.; ENGEL P.; AVOUAC B.; LERT F.; ROUILLON F.; BENICHOU J.; MASSOL J.; DURU G.; MAGNIER A.M.; GUILLEMOT D.; GRIMALDI-BENSOUDA L.; ABENHAIM L.; EPI3-LA-SER group. Impact of physician preferences for homeopathic or conventional medicines on patients with musculoskeletal disorders. Results from the EPI3-MSD cohort. Pharmacoepidemiology and Drug Safety, 2012, 21(10) : 1093-1101. doi:10.1002/pds. 3316 ; 1-9. 7 GRIMALDI-BENSOUDA L.;ABENHAIM L.; MASSOL J.; GUILLEMOT D.; AVOUAC B.; DURU G.; LERT F.;MAGNIER A.M.; ROSSIGNOL M.; ROUILLON F.; BEGAUD B.; EPI3-LA-SER Group. Utilization of psychotropic drugs by patients consulting for sleeping disorders in homeopathic and conventional primary care settings: the EPI3 cohort study. Homeopathy. 2015 Jul;104(3):170-5. 8 GRIMALDI-BENSOUDA L.; BEGAUD B.; ROSSIGNOL M.; AVOUAC B.; LERT F.; ROUILLON F.; BENICHOU J.; MASSOL J.; DURU G.; MAGNIER A.M.; ABENHAIM L.; GUILLEMOT D Management of upper respiratory tract infections by different medical practices, including homeopathy, and consumption of antibiotics in primary care: the EPI3 cohort study in France 2007-2008. PLoS ONE, 2014, 9(3) doi: 10.1371/journal.pone.0089990. eCollection 2014 ; 6 p." 9 "DANNO K.; JOUBERT C.; DURU G.; VETEL J.M. Physician practicing preference for conventional or homeopathic medicines in elderly subjects with musculoskeletal disorders in the EPI3-MSD cohort. Clinical Epidemiology, 2014, 6 ; 333-341. 10 COLAS A.; DANNO K.; TABAR C.; EHRETH J.; DURU G. Economic impact of homeopathic practice in general medicine in France. Health Econ Rev. 2015 Dec;5(1):55. doi:10.1186/s13561-015-0055-5. 11 « GRIMALDI-BENSOUDA L, ABENHAIM L, MASSOL J, GUILLEMOT D, AVOUAC B, DURU G, LERT F, MAGNIER AM, ROSSIGNOL M, ROUILLON F, BEGAUD B; EPI3-LA-SER group. Homeopathic medical practice for anxiety and depression in primary care: the EPI3 cohort study. BMC Complement Altern Med. 2016 May 4;16(1):125. doi:10.1186/s12906-016-1104-2. 12 Karp JC, Sanchez C, Guilbert P, Mina W, Demonceaux A and Curé H. Treatment with Ruta graveolens 5CH and Rhus toxicodendron 9CH may reduce joint pain and stiffness linked to aromatase inhibitors in women with early breast cancer: results of a pilot observational study. Homeopathy. 2016. 105 (4) : 299-308.
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