Cette évolution à la hausse succède à une période de baisse entre 2001 et 2012, puis une stagnation jusqu’en 2017. Les Covid nosocomiaux ont compté pour la moitié de cette hausse. "C'est une photographie très large qui n'est pas si mal dans le sillage de la crise terrible du Covid. On s'attendait à pire", rapporte à l’AFP Anne Berger-Carbonne, responsable de l'unité Infections associées aux soins et résistance aux antibiotiques au sein de SpF.
Et lorsque l’on exclut ces infections par le Sars-CoV-2, la prévalence des patients infectés était de 5,35%, soit relativement stable par rapport à 2017 (4,98%).
Par rapport à ses voisins européens, la France se situe dans la moyenne (17ème sur 31 pays en 2017 pour la prévalence nosocomiale). Mais il faudra attendre 2024 pour la finalisation des enquêtes menées en Europe en 2022.
On note aussi une modification du profil des patients, qui présentaient plus fréquemment des risques de complication infectieuse, en raison de l’âge, des pathologies, des comorbidités, de l'usage de dispositifs invasifs... En 2022, l'activité des hôpitaux demeurait affectée par la pandémie de Covid mais aussi par le "virage ambulatoire" du système de santé, "de sorte que les gens hospitalisés étaient en situation plus grave", précise Anne Berger-Carbonne.
Les secteurs les plus touchés sont les services de réanimation (près d'un patient infecté sur quatre). Les pathologies les plus souvent en cause sont les infections urinaires, les pneumonies, les infections du site opératoire, et les bactériémies. Escherichia coli, Staphylococcus aureus, Enterococcus faecalis, Pseudomonas aeruginosa sont les principales bactéries responsables (impliquées dans près d'un cas sur deux, quasiment comme en 2017).
Par ailleurs, l'enquête rapporte qu’environ un patient hospitalisé sur six reçoit un traitement antibiotique, une proportion qui est aussi en hausse, par rapport à 2017 (16,24% contre 15,12%, hausse de 7,5%). "Ce n'est pas très bon signe", relève la spécialiste de Santé publique France. Et c’est le cas d’un patient sur deux en réanimation, un sur quatre dans les services de médecine ou de chirurgie, selon l'enquête de SpF.
Le contexte du Covid a cependant pu modifier les priorités, avec un effort moindre sur l'usage mesuré des antibiotiques. Et "les équipes de prévention de l'antibiorésistance n'ont pas été épargnées par la crise des soignants", ajoute Anne Berger-Carbonne.
Pour l'agence sanitaire publique, ces résultats "incitent à poursuivre les actions de prévention" des infections nosocomiales en les ciblant sur les plus fréquentes (infections urinaires, pneumonies, infections du site opératoire, bactériémies). Il faut aussi "renforcer les actions pour le bon usage des antibiotiques".
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