La crise sanitaire met en exergue "la misère de la chimie thérapeutique", selon l’Académie de pharmacie
Un des médicaments qui semble avoir une possible efficacité actuellement contre le coronavirus est un dérivé d’une substance, la quinine, dont la première extraction date d’il y a 200 ans (par deux pharmaciens parisiens, Joseph Bienaimé Caventou et Pierre Joseph Pelletier). Pour l’Académie de pharmacie, ce constat est en fait bien triste, car il révèle » la misère de la chimie thérapeutique ». « Les antiviraux chimiques s’avèrent aujourd’hui être les seuls outils thérapeutiques à la disposition des médecins… […] Revenir, faute de mieux, à la chloroquine et l'hydroxychloroquine, deux antipaludiques mis au point dans les années 1940-1950, et très largement utilisées pendant de plus de quarante ans, c’est nous obliger à faire un constat douloureux mais indispensable pour l’avenir de notre santé » affirme ainsi Pierre Potier, membre de l’Académie de pharmacie. Il regrette que la recherche ait complètement délaissé la chimie pour la mise au point de nouveaux traitements : « la chimie thérapeutique, discréditée au nom de la lutte contre la pollution, a disparu des appels à projets européens ou nationaux » explique cet expert. La « médecine personnalisée » a occulté les maladies communes, infectieuses ou non, considère-t-il, et une grande partie de la synthèse des précurseurs chimiques et de médicaments essentiels a été transférée en Asie. Même la formation des étudiants en chimie organique a été réduite au profit d’autres disciplines.
Or la chimie joue un rôle majeur dans la découverte des médicaments : plus des deux tiers des nouveaux médicaments mis sur le marché, chaque année, sont constitués de petites molécules issues de la chimie. Cette discipline intervient à la plupart des stades de la chaîne du médicament : la chimie organique et...
thérapeutique pour la synthèse des principes actifs, la chimie des matériaux et des excipients pour la formulation galénique, la chimie analytique pour les études pharmacocinétiques (métabolisme, interactions médicamenteuses) et le contrôle de la qualité des médicaments, etc. Au final, les médicaments vendus en pharmacie sont pour l’essentiel constitués de petites molécules de synthèse. « Cette leçon doit servir bien au-delà de la crise actuelle à faire prendre conscience aux autorités sanitaires de l’urgence de réhabiliter la chimie en lui donnant les moyens de retrouver le rôle essentiel qu’elle n’aurait jamais dû perdre au service de la santé publique » affirme l’Académie de pharmacie. Dans cet objectif, l’institution souhaite inciter les autorités à aider d’urgence les laboratoires publics et privés à renouer avec la recherche de nouveaux médicaments chimiques ; à lancer de nouveaux appels d’offres ciblés sur la chimie pour le médicament et l’innovation thérapeutique, via l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), les grands programmes européens, etc. Il apparait aussi nécessaire de relocaliser, en France et en Europe la synthèse des principes actifs essentiels et la fabrication des médicaments et autres produits de santé. Enfin elle souhaite « développer l’enseignement de la chimie, d’une manière générale et, en particulier, au cours des études de pharmacie ».
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