« Selon les derniers chiffres disponibles, plus de 5 millions de Français sont d’une manière ou d’une autre pris en charge pour une pathologie digestive chaque année et ce nombre croît régulièrement (plus de 8 % en 4 ans) », observe le Pr Frank Zerbib, chef du service d’hépato-gastroentérologie et oncologie digestive au CHU de Bordeaux et coordonnateur du Livre blanc, financé par le Conseil national professionnel d’hépato-gastroentérologie (CNP-HGE). Plus d’un million de ces patients sont concernés par une pathologie chronique (721 000 en ALD), cancer digestif, cirrhose, hépatites virales ou maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (Mici). En sachant qu’à échéance de quelques années, l’augmentation, au sein de ces maladies chroniques, des pathologies nutritionnelles liées à l’obésité sera significative, celles-ci ayant un retentissement majeur sur le foie. Attendue encore, l’incidence croissante des Mici, pour des raisons que l’on ignore, peut-être environnementales, ainsi que celle, régulière et continue, des cancers digestifs. Par ailleurs, si les chiffres de l’hospitalisation classique sont stables, ceux de l’hospitalisation de jour sont en forte croissance pour trois raisons : la hausse des endoscopies (53 % de l’ambulatoire), des chimiothérapies et des biothérapies (22 % de l’activité, indiquées pour les cancers et les Mici).
« Les pathologies digestives, qui représentent 10 % de toutes les hospitalisations, sont désormais le 1er motif d’hospitalisation de jour, ce qui oblige à des modifications profondes de notre organisation », résume le Pr Zerbib. Au cœur du métier, les endoscopies digestives représentent 3,5 millions d’actes par an, diagnostiques ou thérapeutiques, dont 1,4 million de coloscopies, 40 % étant à visée thérapeutique (ablation de polypes). Le coût de la prise en charge des pathologies digestives, dominé par...
les cancers, puis les hépatites et les MICI, atteint ainsi 6 milliards d’euros en 2016, en croissance continue dans tous les secteurs (en particulier le traitement de l’hépatite C). Une démographie médicale à la peine En parallèle de cette activité, soutenue, les HGE constatent une féminisation et surtout un vieillissement de leurs effectifs : les 3900 médecins aujourd’hui en exercice ont en moyenne 50,5 ans et 44 % plus de 55 ans… « Certains départements sont orphelins (5 HGE en Dordogne par exemple, ville et hôpital !), ce qui complique la réalisation d’une coloscopie notamment si un test de dépistage la justifie », regrette le Pr Zerbib. Or on déplore chaque année 50 000 décès par cancer digestif, dont 18 000 liés à un cancer du colon. Enfin, un tiers des spécialistes ont une compétence en oncologie digestive et près de 90 % sont impliqués, 3 à 4 fois par mois, dans des réunions de concertation pluridisciplinaire. Une prise en charge médicale de plus en plus personnalisée (pour les Mici en particulier), un allongement de la vie pour certains cancers digestifs qui deviennent parfois une maladie chronique, des traitements ciblés et leurs toxicités spécifiques, des protocoles de recherche clinique, tel est le quotidien des HGE. « Autant de motifs pour que les HGE, au centre du parcours de soins, soient épaulés, au-delà des infirmières de la spécialité de coordination, des psychologues ou des diététiciens, par des infirmières de pratique avancée (IPA) sur le modèle de ce que connaissent d’ores et déjà d’autres spécialités », souligne le Pr Christine Silvain, cheffe du service d’HGE et assistance nutritive au CHRU de Poitiers.
Les maladies du foie, silencieuses souvent, le sont plus volontiers si l’on manque de moyens pour un dépistage actif… A risque aujourd’hui, les Français qui boivent de l’alcool certes, mais aussi près de 20 millions de personnes en surpoids et/ou diabétiques et/ou hypertendues, ou celles qui ignorent abriter le virus de l’hépatite B. Probablement 480 000 Français ont une cirrhose, 15 000 par an décèdent de ses complications : hémorragies digestives, insuffisance hépatique et, à bas bruit, cancer primitif du foie (11 000 cas par an en France et 9000 décès). « 3 % des 18 % de personnes en surpoids et/ou diabétiques ont déjà une fibrose avancée », met en garde le Pr Dominique Thabut, cheffe du service d’Hépato-gastroentérologie à l’hopital de la Pitié-Salpêtrière (Paris). Et pourtant les solutions existent : dépistage de la fibrose par des tests non invasifs, du cancer par une échographie tous les 6 mois des foies cirrhotiques, traitement des cofacteurs, etc.
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