Lithiases chez l'enfant : des causes multiples à rechercher et traiter

24/07/2020 Par Corinne Tutin
Pédiatrie
Les étiologies des lithiases de l’enfant sont diverses :  liées au calcium, en rapport avec une maladie métabolique héréditaire, malformatives, infectieuses.  Le traitement de la cause est essentiel pour éviter les récidives.

« Les lithiases urinaires se voient à tout âge chez l’enfant », explique le Pr Albert Bensman (Service de néphrologie pédiatrique, Hôpital Necker Enfants malades, Paris). On évoquera cette possibilité devant une hématurie ou une crise de colique néphrétique. « L’enfant se plaint d’une douleur classiquement très intense, mais parfois moins forte, au niveau d’une fosse lombaire ou d’un côté, alors que dans les douleurs abdominales banales, il désigne en général la région périombilicale », indique le Pr Bensman.  Ce diagnostic est d’autant plus suspect qu’existent des antécédents familiaux de lithiase. Une hospitalisation est conseillée en cas de colique néphrétique. Mais, on pourra dans un premier temps administrer un anti-inflammatoire non stéroïdien (ibuprofène, kétoprofène). L’examen de première intention à pratiquer est une échographie rénale, qui visualise en général le calcul, quelle que soit sa composition. L’abdomen sans préparation donne de moins bons résultats, car certains calculs sont radiotransparents.   Bilan étiologique spécialisé Le bilan étiologique sera finalisé en milieu spécialisé, les causes de lithiases urinaires de l’enfant étant extrêmement nombreuses, et pour certaines liées à des maladies métaboliques héréditaires. « Ce bilan sera néanmoins facilité », indique le Pr Bensman, « si le médecin traitant a demandé des examens de débrouillage comme un bilan phosphocalcique sanguin et urinaire, un ionogramme sanguin car on sait qu’une acidose peut provoquer une hypercalciurie, cause fréquente de lithiase urinaire de l’enfant. La calciurie et la créatininurie seront dosées, un rapport calciurie (mmol)/créatininurie (mmol) supérieur à 0,5 étant évocateur d’hypercalciurie.

Le calcul sera analysé. « Mais, le médecin traitant peut aussi demander une cristallurie, un examen capable de détecter de nombreuses étiologies de lithiases, que réalisent aujourd’hui quelques laboratoires spécialisés hospitaliers», conseille le Pr Bensman. A l’hôpital, un dosage de cystine sera pratiqué, la cystinurie, une maladie héréditaire récessive, étant une cause classique de lithiase urinaire pédiatrique. On pourra aussi doser le citrate urinaire. En effet, celui-ci contribue à la solubilisation du calcium et une hypocitraturie favorise la précipitation du calcium dans l’arbre urinaire et donc l’apparition de lithiases calciques. L’hyperoxalurie primitive est une cause rare de...

lithiase chez l’enfant mais grave. Un traitement très récent par ARN interférent (Lumasiran) améliore très significativement le pronostic en diminuant notablement l’hyperoxalurie. En dehors des lithiases associées à des facteurs métaboliques, on peut observer chez l’enfant des lithiases en rapport avec une malformation urinaire, en particulier une uropathie obstructive favorisant la stagnation des urines, qui pourra être repérée sur l’échographie si elle n’avait pas été découverte en anténatal. Des calculs phospho-ammoniaco-magnésiens peuvent aussi se développer à la suite d’une infection urinaire par des germes uréasiques de type Proteus.  L’élimination du calcul sera, le plus souvent, réalisée par lithotritie. « Il est néanmoins indispensable de traiter la cause de la lithiase pour éviter l’apparition de récidives », insiste le Pr Bensman.   Des règles diététiques Les hypercalciuries peuvent être liées à une absorption digestive excessive de calcium, ou une libération trop forte de calcium par l’os ou le rein. On conseille habituellement aux jeunes patients, outre des boissons abondantes, d’avoir un régime alimentaire pas trop riche en sel car plus l’élimination urinaire de sodium est importante, plus celle en calcium l’est. Ils devront aussi éviter un apport excessif en protéines et donc en viandes car ceci favorise l’élimination du calcium par l’os.

En cas d’hypocitraturie, un apport de citrate de potassium sera proposé. Aujourd’hui, le diagnostic de lithiase avec cystinurie peut être effectué en période anténatale. « On peut repérer, en effet, chez le fœtus non le calcul lui-même mais le fait qu’une paroi du côlon est hyperéchogène. Ce qui est évocateur de cystinurie. Ceci permet de proposer une alcanisation des urines, traitement des lithiases cystinuriques avant même qu’elles soient apparues », rapporte le Pr Bensman.  

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