Nutri-Score : un nouvel algorithme en cohérence avec les dernières recommandations nutritionnelles
Egora : Comment a été défini le nouvel algorithme ?
Pre Chantal Julia : L’arrêté prévoit sa réévaluation régulière afin qu’il reste cohérent avec les dernières données de la littérature scientifique. Adopté par sept pays européens, le Nutri-Score dispose d’une gouvernance transnationale. Un comité constitué de 1 à 2 scientifiques exempts de conflits d’intérêts par pays a eu pour mission de mettre à jour l’algorithme en adéquation avec les recommandations nutritionnelles. Les industriels engagés ont deux ans pour apposer le nouveau Nutri-Score sur l'ensemble des références.
Est-il plus strict ?
Globalement oui. Ses composantes - basées sur la densité énergétique, le sucre, le sel, les acides gras saturés, les protéines, les fibres et le pourcentage de fruits, légumes, légumineuses et noix - restent les mêmes. Les modifications concernent le poids de ces composantes les unes par rapport aux autres. Le sucre pesant actuellement jusqu'à 10 points passe à 15 dans le nouvel algorithme et le sel à 20 pénalisant davantage les aliments très sucrés, très salés. Les seuils en % de fibres et de protéines sont plus élevés. Par exemple, pour gagner des points positifs, les aliments doivent contenir au moins 3g de fibres pour 100g.
Les changements principaux sont des glissements d'une voire de deux catégories. Un peu moins d’1/3 des produits risquent d’avoir une dégradation de leur classement et près d’1/10 une amélioration.
Quels groupes alimentaires seront mieux notés ?
Ceux des poissons gras, des huiles végétales, en particulier contenant peu d’acides gras saturés et des fromages à pâtes dures peu salés. Les recommandations nutritionnelles indiquent de consommer deux portions de poisson par semaine : un gras et un maigre. Or, le Nutri-Score classait moins bien les poissons gras du fait de leur densité énergétique. Avec la modification de l'algorithme, les poissons gras et maigres sont globalement situés au même niveau.
Ensuite, les huiles végétales (colza, olive et noix) contenant très peu d'acides gras saturés vont passer de C à B. Les fruits oléagineux non salés vont être globalement classés A alors que certains pouvaient aller jusqu'au C.
Enfin, les modifications de l’algorithme ont conduit à que les fromages à pâtes dures contenant peu de sel soient mieux notés. Par exemple, l'Emmental va basculer de D vers C rejoignant certains fromages frais classés C.
Qu'en est-il des viandes ?
Le classement nécessitait d'être mis à jour puisque les viandes hors volailles sont identifiées comme facteurs de risque de certaines pathologies, en particulier les cancers. Elles ont donc été évaluées plus strictement que les volailles. Ainsi, les volailles sont classées A et B et la viande, selon les pièces, restera notée A pour celles très maigres et se décalera vers B, voire C pour les autres. La charcuterie restera plutôt en D et E selon la composition en sel notamment.
Comment se classent le lait et les boissons végétales ?
Le lait nature est désormais différencié des laits aromatisés sucrés. De même pour les boissons végétales. Le lait demi-écrémé est en B et les boissons lactées sucrées basculent en C, D ou E.
La présence des édulcorants dans certains produits est-elle prise en compte ?
Le nouvel algorithme tient compte pour la première fois de la présence des édulcorants dans les boissons. La recommandation de l’OMS de ne pas promouvoir la consommation de boissons édulcorées ainsi que celles françaises stipulant de limiter la consommation de boissons sucrées et de celles au goût sucré sont désormais intégrées dans le Nutri-Score. Les boissons édulcorées classées en B renvoyaient un signal plutôt promotionnel. Elles vont basculer en C pour celles contenant des édulcorants seuls, voire en D ou en E pour celles ayant à la fois du sucre et des édulcorants.
L'algorithme fait-il la différence entre les produits transformés et ultra-transformés ?
Malheureusement non, pas de façon directe. L’ultra-transformation des aliments et leur composition nutritionnelle sont tous deux associés à la santé de façon indépendante. Nous ne sommes pas en mesure, scientifiquement, de pondérer l'importance de l'un par rapport à l'autre. D’autre part, nous ne disposons pas d'une base réglementaire sur laquelle s'appuyer pour développer des politiques publiques qui cibleraient directement l’ultra-transformation des aliments. En revanche, nous savons, qu’en moyenne, les produits ultra-transformés sont plus riches en gras, en sucres, en sel. Notre analyse de correspondance entre le Nutri-Score et les aliments ultra transformés a montré qu’en très grande majorité, les aliments ultra-transformés sont classés en D et E.
*Le Pr Chantal Julia déclare n’avoir aucun lien d’intérêt.
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