La donneuse âgée de 57 ans et sa fille, dont les identités n'ont pas été dévoilées, "vont bien", assure à l'AFP le Pr Ayoubi. "La patiente transplantée n'est pas encore enceinte et le transfert d'embryons préalablement congelés pourrait se faire dans dix mois", dit-il. Dans les autres cas à l'international, "cela s'est fait entre six et douze mois". La durée opératoire a été de l'ordre de 14 heures pour les deux interventions, celle du prélèvement étant la plus longue. Le prélèvement doit être très méticuleux pour que l'utérus soit réimplantable. Il a été réalisé grâce à l’apport de la robotique qui permet une meilleure vision, en 3D, ce qui facilite la dissection des petits vaisseaux. La transplantation, elle, a été réalisée par chirurgie classique.
Cette greffe n'a pas vocation à être permanente en raison du traitement antirejet. Il s'agit d'une "greffe provisoire" pour avoir un enfant, rappelle le chirurgien. A sa connaissance, deux ou trois femmes dans le monde ont conservé l'utérus greffé pour mener une deuxième grossesse. Dans ce type de greffe, le traitement immunosuppresseur, est "moins lourd" que pour d'autres transplantations d'organe, et donc adapté à la grossesse, comme dans le cas des greffées du rein enceintes. 15 naissances dans le monde Ce type de greffe, avait déjà été réalisée avec succès dans d'autres pays, la première ayant été réalisé en Suède en 2014. Une naissance, survenue un an après la transplantation, avait été annoncée dans The Lancet par l'équipe du Pr Mats Brännström (université de Göteborg). La donneuse vivante avait 61 ans. Pour leur part, les Brésiliens ont réussi à obtenir la première naissance au monde grâce à une greffe d'utérus de donneuse décédée chez une femme également née sans utérus en raison du même syndrome. La naissance, datant du 15 décembre 2017, avait été révélée un an après par l'équipe du Dr Dani Ejzenberg (hôpital de Sao Paulo). Les précédentes tentatives (Etats-Unis, Turquie...) avaient échoué. La première greffe française est le résultat de plus de 10 ans de recherche et de collaborations, en particulier avec le Pr Brännström. "Nous travaillons avec cette équipe pionnière suédoise depuis 7 à 8 ans (...). Nous avons apporté notre expertise en chirurgie robotique qu'ils ont utilisée pour leurs cinq dernières greffes" afin d'effectuer le prélèvement de l'utérus, poursuit le Pr Ayoubi, en soulignant que cela facilitait la récupération de la donneuse. Plus de 25 équipes dans le monde travaillent dans ce domaine, selon lui. D'après le Pr Brännström, "quinze" naissances ont été obtenues dans le monde après greffe utérine : "9 en Suède dont la dernière il y a quatre jours, deux aux Etats-Unis, une au Brésil, en Serbie, en Chine et en Inde", détaille-t-il à l'AFP. Parmi les 13 pays, avant la France, qui ont pratiqué cette greffe figurent aussi selon cet expert le Mexique, le Liban, l'Arabie Saoudite, l'Allemagne, la République tchèque et la Belgique. L'équipe du Pr Ayoubi a reçu l'autorisation de l'Agence de la biomédecine et de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) de conduire un essai clinique pour dix greffes avec donneuses vivantes apparentées. Une autre équipe au CHU de Limoges a eu l'aval pour huit greffes avec donneuses en état de mort cérébrale. Le syndrome de Rokitansky (MRKH) touche une femme sur 4 500 à la naissance.
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