Egora : Pourquoi mettre en place SFD-T1 une cohorte dans le diabète de type 1 ? Pr Hélène Hanaire : Jusqu’ici l’essentiel de nos connaissances sur cette maladie provenait de registres scandinaves ou d’essais cliniques français, nombreux et de bonne qualité, mais avec une durée limitée dans le temps. Les quelques cohortes mises en place en France prenaient en compte de faibles effectifs de patients. La cohorte SFD-T1, qui va être lancée par la Société francophone du diabète (SFD) en partenariat avec l’association Aide aux jeunes diabétiques (AJD) et la Fédération française des diabétiques (FFD), va suivre durant 9 ans 15 000 adultes et enfants diabétiques de type 1 de plus de 6 ans. Ce suivi dans la durée sur un nombre important de patients va permettre de mieux connaître cette maladie de plus en plus fréquente et qui commence de plus en plus tôt dans la vie. L’objectif principal recherché est d’évaluer les déterminants du risque cardiovasculaire, qui implique probablement des mécanismes un peu différents de ceux intervenant dans le diabète de type 2. Une évaluation psychosociale assez fouillée devrait aussi être réalisée, avec le concours de la FFD : perception de la santé, qualité de vie. Les données recueillies sur la mesure continue du glucose assureront aussi une analyse fine de la variabilité glycémique, des hypoglycémies. Enfin, bien sûr, nous nous intéresserons aux autres complications du diabète, liées à la microangiopathie entre autres. Ce projet est très fédérateur dans la communauté diabétologique. Comment, cela va-t-il se passer en pratique ? La cohorte devrait démarrer en 2020. Mais, nous allons lancer au cours du second semestre 2019 une étude d’évaluation pilote auprès de 800 diabétiques de type 1 pour en vérifier la faisabilité, rectifier si besoin la méthodologie. Les patients de la cohorte, que nous espérons les plus représentatifs possible des diabétiques de type 1 français, seront suivis, selon le mode de prise en charge usuel, par leur diabétologue de CHU, de CHG, ou de ville. Une banque biologique sera constituée pour réaliser des analyses génétiques, éventuellement étudier le microbiote. Des points d’étape sont prévus à 3, 6 et 9 ans.

Le troisième volet de l’étude Entred vient d’être lancé. Que peut-on en attendre par rapport aux deux premiers volets ? Cette nouvelle étude, conduite par Santé publique France chez 13 000 diabétiques sous traitement médicamenteux, s’inscrit dans la continuité des précédentes, entreprises en 2001 et en 2007, et va nous apporter des informations sur l’évolution depuis 2007 du diabète et de son traitement. Mais, ce qui est intéressant est qu’elle va comporter un nombre de diabétiques de type 1 un peu plus important (au minimum 1200), ce qui apportera donc des renseignements complémentaires par rapport à la cohorte SFD-T1. Elle va aussi prendre en compte au moins 1000 patients résidant dans les départements d’outre-mer, où le diabète est plus répandu et souvent plus compliqué.

Etat de santé des diabétiques en France : le 3ème volet de l’enquête Entred est lancé

De plus, Entred 3 (Échantillon national représentatif des personnes diabétiques) va recueillir des données jusque 10 ans avant et 10 ans après l’inclusion des patients en s’appuyant sur la base du système national des données de santé (SNDS), et va analyser le retentissement social du diabète, les connaissances sur la maladie, le recours aux objets connectés, les complications aigues qui étaient probablement un peu moins bien évaluées dans les versions précédentes de l’étude. La connaissance du diabète va donc être plus détaillée qu’auparavant et s’inscrire davantage dans la durée grâce au SNDS. Les premiers résultats sont attendus mi-2020 pour la métropole, et en 2021 pour l’Outre-mer. Le programme Étapes a-t-il permis de mettre en route une télésurveillance du diabète ? La mise en œuvre du programme Étapes a été freinée, car initialement celui-ci réservait la télésurveillance aux diabétiques adultes de type 1 ou de type 2 sous insuline déséquilibrés. Certaines situations nous paraissant intéressantes n’étaient pas éligibles.  Depuis, le cahier des charges a été modifié dans un sens qui nous convient mieux, car la télésurveillance peut être instaurée dès l’âge de 12 ans, dès la découverte du diabète et la mise sous insuline. Nous devons nous saisir de cette nouvelle modalité d’exercer notre métier. Il va être possible de proposer cette stratégie de télésurveillance en début de traitement pour aider des patients à gérer de manière plus autonome leur insulinothérapie. D’autres indications se dégageront peu à peu. Un autre obstacle au développement de la télésurveillance était que les outils avaient été construits pour des lecteurs de glycémie capillaire, alors que beaucoup de patients recourent aujourd’hui à une mesure continue du glucose interstitiel. Mais, des solutions techniques sont développées pour résoudre ce point.   * Le Pr Hanaire déclare participer ou avoir participé à des interventions ponctuelles (essais cliniques ou travaux scientifiques, rapports d’expertise, activités de conseil, conférences, colloques et actions de formations…) pour l’entreprise Abbott, Eli Lilly, Lifescan et Novo Nordisk