Une deuxième personne est en rémission durable du VIH-1 après avoir interrompu son traitement, ont annoncé des chercheurs britanniques à l’occasion de la conférence annuelle sur les rétrovirus et les infections opportunistes (Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections, Croi), qui vient de s’ouvrir à Seattle (4-7 mars).
Dix ans après le "patient de Berlin", premier cas confirmé d'un patient souffrant du VIH s'étant remis de cette maladie, un deuxième cas, connu désormais comme "le patient de Londres", n'a pas montré de signe du virus depuis près de 19 mois, ont rapporté les chercheurs dans le journal Nature. Les deux patients ont la particularité d’avoir subi des transplantations de moelle osseuse pour traiter une hémopathie maligne, en recevant des cellules souches de donneurs ayant une mutation génétique rare qui rend inopérant un récepteur du VIH, le CCR5 ; ce qui empêche le virus de pénétrer dans les cellules hôtes. Mais cette mutation n'est présente que chez 1% de la population mondiale. "En parvenant à une rémission sur un deuxième patient tout en utilisant une approche similaire, nous avons montré que le "patient de Berlin" n'a pas été une anomalie", s'est félicité le principal chercheur Ravindra Gupta (Université de Cambridge). "Le deuxième cas renforce l'idée qu'une guérison est possible", a déclaré à l'AFP Sharon R Lewin, directrice de l'Institut Doherty et professeure à l'Université de Melbourne. Des millions de personnes infectées par le VIH à travers le monde contrôlent cette maladie à l'aide d'un traitement antirétrovirale (ARV), mais ce traitement ne débarrasse pas les patients du virus. "En ce moment, la seule façon pour traiter le VIH est par l'administration de médicaments qui contiennent le virus et que les gens doivent prendre toute leur vie", a rappelé Ravindra Gupta. "Cela représente un défi particulier dans les pays en voie de développement", où des millions de personnes n'ont pas accès à un traitement adéquat, a-t-il ajouté. Près de 37 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde, mais seules 59% d'entre elles bénéficient d'ARV. Près d'un million de personnes meurent chaque année d'affections liées au VIH. En outre, une nouvelle forme de VIH résistante aux médicaments représente une préoccupation grandissante. Le "patient de Londres" a été diagnostiqué en 2003 et a suivi une thérapie antirétrovirale depuis 2012. Plus tard la même année, il a été diagnostiqué pour une forme avancée de la maladie de Hodgkin. Il a subi en 2016 une transplantation à base de cellules souche hématopoïétiques d'un donneur porteur d'une mutation du gène du CCR5. Après la transplantation, il a suivi un ARV pendant seize mois, puis le traitement a été interrompu. Des tests réguliers ont confirmé que la charge virale du patient était indétectable depuis. Le "patient de Berlin", soigné pour une leucémie, avait subi deux transplantations ainsi qu'une radiothérapie du corps entier. En revanche, le "patient de Londres" a reçu une seule transplantation et une chimiothérapie moins agressive. Ravindra Gupta et son équipe soulignent que la transplantation de moelle osseuse n'est pas une option viable pour le traitement du VIH. Mais ce deuxième cas de rémission et probable guérison va aider les scientifiques dans leurs recherches de stratégies de traitement. Ainsi, le remplacement des cellules immunitaires par celles qui n'ont pas le récepteur CCR5 pourrait être une clé pour prévenir la réapparition du VIH après le traitement.
La sélection de la rédaction
Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?
M A G
Non
Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus