Dépistage du cancer du col utérin : bientôt de nouvelles recommandations
Le nouveau texte concerne la prise en charge des femmes dont les résultats du test HPV de dépistage sont anormaux. Les directives à venir prévoient un suivi fondé sur l’utilisation du test HPV chez les femmes de plus de 30 ans.
Mieux identifier et gérer les lésions précancéreuses et harmoniser le suivi des patientes dont le test de dépistage du cancer du col est anormal, tels sont les grands objectifs des recommandations professionnelles qui devraient être publiées prochainement dans le journal Gynécologie Obstétrique & Fertilité. Validées par un collège de 35 experts de la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV) – gynécologues-obstétriciens, gynécologues médicaux, pathologistes, virologues, biologistes, médecins généralistes et sages-femmes –, elles modifient les pratiques pour les femmes à partir de 30 ans. « Rien ne change pour celles de 25 à 30 ans par rapport aux recommandations de l’Institut national du cancer (INCa) de 2016 sur la conduite à tenir devant une patiente ayant une cytologie cervico-utérine anormale », souligne la Dre Christine Bergeron, anatomo-cyto-pathologiste, past-présidente de la SFCPCV. En revanche, pour les femmes à partir de 30 ans, il n’y a plus d’indication de suivi par la cytologie : tout repose sur le test HPV.
ASC-US et lésions mineures : un suivi allégé
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Les recommandations à venir détaillent plusieurs situations distinctes. Dans le cas où le test HPV d’une patiente est positif, un test cytologique est effectué. Si celui-ci révèle la présence d’ASC-US (anomalie des cellules malpighiennes d’origine indéterminée), une colposcopie doit être pratiquée. Le principal changement par rapport aux dernières recommandations concerne le suivi des femmes lorsque la colposcopie est normale. « Nous devons juste nous assurer que l’infection est en train de régresser et qu’il n'y a pas de lésions précancéreuses », indique la Dre Bergeron. Si la zone de jonction (à la limite de l’endocol et de l’exocol) est bien visible par le gynécologue, la surveillance s’effectue uniquement via le test HPV. La cytologie n’est plus nécessaire. Pourquoi ? « Dans la mesure où l’ASC-US est d’origine indéterminée, il n’y a pas de raison d’inquiéter les patientes présentant un HPV positif. Donc, quand la colposcopie est normale, nous ne revoyons la patiente qu’un an plus tard. Dès lors, si le nouveau test HPV est normal, elle pourra attendre cinq ans avant de consulter à nouveau », précise-t-elle.
En revanche, si le résultat de la colposcopie est anormal, la patiente doit bénéficier d’une biopsie. Si cet examen ne révèle qu’une lésion de bas grade pour les patientes de plus de 30 ans, la démarche est similaire. Lorsque la jonction est bien vue, le test HPV doit être effectué à un an. Puis le suivi via ce test est effectué chaque année jusqu’à ce qu’il redevienne négatif. « À ce moment-là, nous ne suivons la patiente qu’à cinq ans », ajoute la Dre Bergeron.
Une surveillance accrue pour les ASC-H
En cas de lésions plus sévères de type ASC-H (atypie cellulaire avec suspicion de lésion de haut grade), le suivi est plus resserré. « La colposcopie est indispensable. Quand la jonction est visible, nous revoyons les patientes à un an. Même chose, si le test HPV reste positif. Mais s’il est négatif, l’intervalle jusqu’au prochain rendez-vous est de trois ans (et non cinq ans, comme les ASC-US ou les lésions de bas grade) », précise la Dre Bergeron. Chez les femmes plus âgées, à partir de 40 ans, la jonction n’est pas toujours visible. Dans ce cas, un curetage de l’endocol est nécessaire afin de s’assurer qu’aucune lésion n’est passée inaperçue lors de la colposcopie. Quand cet examen est normal, les patientes doivent consulter leur gynécologue tous les six mois jusqu’à ce que le test HPV devienne négatif. À ce moment-là, l’intervalle entre les rendez-vous s’espace (tous les trois ans).
Un suivi spécifique chez la femme enceinte
Lors de la grossesse, en cas de test HPV positif avec la présence d’un ASC-US ou d’une lésion de bas grade, les patientes doivent refaire ce test trois à six mois après l’accouchement. « Dans ce cas, il ne faut pas les inquiéter : les tests HPV sont plus souvent positifs lors de la grossesse car c’est une période durant laquelle l’immunité est moins importante. En revanche, devant un ASC-H ou une lésion de haut grade, la colposcopie s’impose. Si les résultats de l’examen sont anormaux, une biopsie est nécessaire. En cas de lésion de haut grade, la patiente est revue à six mois pour une colposcopie afin de vérifier l’absence d’invasion. Elle devra ensuite consulter son gynécologue après l’accouchement », affirme la Dre Bergeron. Enfin, quand un cancer invasif est diagnostiqué (dans de très rares cas), un traitement doit être discuté sans tarder lors d’une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP).
Références :
D’après une conférence de presse de la SFCPCV (9 janvier).
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