"On a souvent une idée préconçue de la couverture et de la pénétration des nouvelles technologies dans la population diabétique", estime le Dr Guy Fagherazzi, chercheur en épidémiologie du diabète au Luxembourg Institute of Health. Or selon l’analyse de l’étude Entred 3 qu’il a présentée, cette perception s’avère bien éloignée de la réalité. Loin d’être accessibles à tous, ces nouvelles technologies semblent laisser une grande partie des patients sur le carreau.
Portant sur les questionnaires de 2 725 patients diabétiques et 963 médecins, croisés avec les données de remboursement du Système national des données de santé (SNDS), l’étude révèle un grand éloignement de la population diabétique, en particulier celle atteinte d’un diabète de type 2, vis-à-vis des outils numériques. Plus d’un tiers (36,9%) des diabétiques de type 2 interrogés, contre 13,5% de ceux de type 1, ne disposent ni d’un smartphone, ni d’une tablette, ni d’un ordinateur. De même, ils sont respectivement 91% et 52% à ne jamais avoir utilisé d’appli de santé.
La fracture numérique est aussi profonde quant aux outils directement liés à la diabétologie. Exemple, 83% des diabétiques de type 2 sous insuline n’utilisent pas de système de mesure du glucose en continu (CGM), contre 34% des diabétiques de type 1. Quant à la pompe à insuline, 96% des diabétiques de type 2 sous insulinothérapie n’y recourent pas, ainsi que 63,8% des diabétiques de type 1. Parmi les patients les moins connectés, figurent les personnes âgées (âge médian de 67,6 ans dans le diabète de type 2 en métropole, contre 46 ans dans celui de type 1), celles ayant un moindre niveau d’études, de faibles revenus ou vivant seules.
Des médecins réticents au numérique
Qu’en est-il de leurs médecins ? Pas certain qu’ils soient plus tournés vers l’innovation numérique en santé : 88,6% de ceux interrogés reconnaissent ne pas conseiller d’applis de santé, le plus souvent car ils ne les jugent pas adaptées au profil de leurs patients. De même, 88,2% d’entre eux ne recommandent pas l’usage d’objets connectés, tels que glucomètres, capteurs d’activité ou balances de poids.
Au sein des médecins les plus "technophiles", prédominent les femmes, les jeunes médecins, les médecins hospitaliers plutôt que de ville, les spécialistes (diabétologie, endocrinologie, médecine interne) plutôt que les généralistes, ainsi que les médecins suivant un plus grand nombre de diabétiques. Selon le Dr Fagherazzi, "il y a encore beaucoup de travail à faire auprès des médecins sur leur culture des applis et des dispositifs médicaux connectés. De plus, il y a également de possibles biais dans la perception des capacités des patients à les utiliser". Reste à déterminer si la crise Covid-19, survenue depuis, a dissipé ces réticences.
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