“Le premier jour du reste de ma vie…” : dans un long message posté sur les réseaux sociaux, le Pr Fabien Doguet, chirurgien, annonce qu’il a décidé de quitter le CHU de Rouen où il exerçait depuis plus de 20 ans. Successivement interne en médecine, chef de clinique, praticien Hospitalier, puis Maître de conférence des Universités associé et enfin Professeur des Universités-Praticien Hospitalier et chef de service, l’ancien présentateur du “Magazine de la santé” a fait toute sa carrière dans l’hôpital rouennais, ville où il a également été étudiant.
“De nombreuses années à donner beaucoup de mon temps, sans compter, avec pour objectif de toujours faire le mieux possible pour les patients, innover, être disponible pour les patients et pour l’équipe avec laquelle je travaille au quotidien”, écrit-il.
Mais cet hôpital qu’il a tant aimé, le Pr Doguet a pris la décision de le quitter. “Comment en suis-je arrivé là ?”, s’interroge-t-il dans son message. Le médecin explique avoir été dégoûté par “de nombreuses décisions prises en dépit du bon sens”, “sans tenir compte de l’avis des gens du terrain, c’est-à-dire les soignants”. Il reproche aux médecins “aimant être proches de la direction” d’avoir cautionné des décisions qui ont eu pour conséquence de “rendre [leur] quotidien de plus en plus difficile”. “Peut-être pour asseoir leur pouvoir”, envisage-t-il.
Le Pr Doguet déplore encore que ces décisions aient été prises “grâce ou à cause de tableurs excels”, sans tenir compte du facteur humain, ni “de la souplesse dont il faut faire preuve chaque jour dans la discipline qui est la [sienne]” devant faire face à 25% d’urgences au quotidien. Ces décisions, dénonce-t-il encore, “ne tiennent pas compte des alertes émises par les gens de terrain sur les dysfonctionnements que cela risque d’engendrer sur le personnel soignant donc indirectement sur le soin”.
Ce qui a le plus déçu le médecin, c’est "l'ignorance consciente ou encore le mépris envers le chef de service” qu’il a été, qui n’a eu de cesse d’alerter les instances sur “des difficultés de sa discipline et demandé une réflexion globale sur les solutions à apporter”. “Solutions bloquées par certains docteurs et par l’administration par pure idéologie et par peur des idées innovantes”, pointe-t-il.
Aussi, las de cette situation, le Pr Doguet a décidé de rejoindre l’hôpital privé francilien Jacques Cartier. “Il faut redonner la place au soin, redonner la parole aux soignants, qu’ils soient non plus écoutés mais surtout entendus”, conclut-il.
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