Difficile de s'assoir sur 4000 euros de prime par an. Pourtant, la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) n'a jamais fait l'unanimité parmi les généralistes, qui tendent à y voir l'emprise de Madame la Caisse. La branche généraliste de la CSMF vient de publier les résultats de son observatoire de la Rosp, et ils tendent à confirmer ce désamour…
Premier constat : sur l'ensemble des répondants à l'enquête (plus de 500 en une dizaine de jours), seuls 20,5 % se déclarent satisfaits de la Rosp et de son montant. "Ce qui nous est remonté dans les commentaires aux questions ouvertes, c'est que beaucoup de généralistes ont plus de points, mais une rémunération en baisse par rapport à l'année dernière", relève le Dr Mickaël Riahi, vice-président délégué à l'exercice coordonné. Rappelons que l'an dernier, la clause de sauvegarde avait dû être déclenchée suite aux mauvais résultats, multipliant les montants par 1.7. "L’idée même de penser qu’un médecin va mieux travailler parce qu’on le paie à la performance reste éthiquement difficile à accepter", indique le syndicat dans son communiqué. "Diminuer la dépense médicamenteuse par les génériques ou des biosimilaires ne fait pas l’unanimité. Certains sont contre, d’autres trouvent cela naturel." Autre conclusion mise en avant par Les Généralistes-CSMF : un effet d'aubaine qui favorise les praticiens à grande patientèle, puisque le calcul de la Rosp est en partie proportionnel à la patientèle médecin traitant. "Une des priorités gouvernementales étant que chaque français ait un médecin traitant, il n’est pas illogique de privilégier ceux qui ont beaucoup de patients", reconnaît le syndicat. "Mais il faut aussi admettre que la complexité des prises en charge prend forcément plus du temps quand on exerce seul, et que cette qualité n’est pas valorisée."
Au final, seul un quart des praticiens (24,7 %) estiment que la Rosp leur permet d'améliorer leur pratique. "Les deux grands aspects positifs de la Rosp sont d’aider à s’interroger sur sa pratique et à structurer ses données du logiciel médical", estime le syndicat, qui pointe aussi des mauvaises pratiques à éliminer, telles que l'optimisation des prescriptions (notamment antibiotiques). Sceptiques quant aux effets vertueux de la Rosp, les médecins interrogés semblent moins durs lorsqu'il s'agit d'évaluer le principe même d'une rémunération sur des objectifs de qualité ou de santé publique. À la question "la Rosp doit-elle disparaître ?", ils sont ainsi une moitié à répondre par la négative, que ce soit par conviction (9,6 %) ou faute de mieux (41 %). Sur les pistes d'amélioration, le syndicat estime qu'un dispositif moins contraignant donnerait de meilleurs résultats. "Si l’on nous donne du temps, du moyen et des outils, les objectifs de santé publique essentiels, comme la réduction des examens en doublon, la réduction du taux d’hospitalisation, le respect des bonnes pratiques se fera naturellement", conclut Les Généralistes-CSMF, qui se prononce en faveur d'une "obligation de moyens" plutôt que de résultats. "On arrive au bout d'un système", insiste Mickael Riahi.
La Rosp 2018 du médecin traitant de l'adulte a bénéficié à 55 102 médecins libéraux, dont 50 785 généralistes (+6.8% par rapport à l'année précédente). Fin avril, ces derniers ont touché en moyenne 4915 euros ; 39 646 MG viennent par ailleurs de recevoir la Rosp du médecin traitant de l'enfant, d'un montant moyen de 153 euros.
Après une année catastrophique qui avait nécessité le déclenchement de la clause de sauvegarde, "les résultats de la Rosp sont à nouveau bien orientés cette année, avec une rémunération en hausse pour les médecins", s'est réjoui le directeur de la Cnam, Nicolas Revel. Des trois volets de la Rosp du médecin traitant de l'adulte, c'est le volet efficience qui présente les meilleurs résultats, avec un taux d'atteinte moyen de 71%, contre 61% pour le volet pathologies chroniques et 59% pour le volet prévention.
Les indicateurs de prescription des génériques et des biosimilaires ainsi que de vaccination antigrippale sont en hausse, tandis que la part de traitements par antibiotiques continue de diminuer. Cartons rouges, en revanche, pour l'initiation d'un traitement par benzodiazépines hypnotiques de plus de 4 semaines et pour le suivi des patients traités par AVK au long cours.
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