Crise Covid : repérer les troubles psychologiques

07/04/2021 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Une campagne de Santé publique France informe sur les différents dispositifs de prévention et de soutien mis en place pour lutter contre les conséquences de la crise dans le domaine de la santé mentale.
 

Les données des enquêtes CoviPrev attestent de la forte dégradation de la santé mentale de la population. Cette étude a été mise en place dès mars 2020, pour analyser régulièrement l’impact de l’épidémie et des mesures prises pour la combattre sur la santé mentale de la population âgée de 18 ans et plus.  Elle est menée par vagues successives, sur un échantillon de 2 000 personnes représentatives de la population française. Les derniers résultats, ceux de la vague 22 réalisée du 15 au 17 mars 2021, confirment la persistance des difficultés psychiques de la population, avec un taux d’états anxieux, dépressifs qui s’est élevé à 31% des personnes interrogées. On constate aussi une augmentation des pensées suicidaires : 9% (contre 5% selon le Baromètre Santé 2017). Les troubles du sommeil sont aussi en hausse. Ces troubles apparaissent particulièrement présents chez les personnes en situation de précarité (emploi, finance, logement), les personnes ayant des antécédents de trouble psychologique et les jeunes (18-24 ans). Des sentiments de colère, de peur, l’inquiétude pour sa santé, la frustration, ou encore les sentiments de solitude sont retrouvés pour l’ensemble de la population.

  Etude de plusieurs populations spécifiques Par ailleurs, une attention particulière a été portée à des diverses populations spécifiques, comme les enfants et adolescents (Etude Confeado), les femmes enceintes (Etude Covimater), ou encore les populations vulnérabilisées (Etude CovSa Familles 93). En particulier, l’étude Confeado a pour objectifs d’évaluer l’état émotionnel et la résilience de enfants durant le confinement et le déconfinement en fonction de leurs conditions de vie, et de mesurer, pour les enfants concernés, un éventuel trouble de stress post traumatique au cas où un proche a été hospitalisé pour Covid. Conduite entre le 9 juin et le 14 septembre 2020, elle a porté sur 1 153 enfants de 5 à 13 ans et 4 102 adolescents de 14 à 20 ans (3 100 filles) et l’un de leurs parents. Les analyses sont actuellement en cours. L’enquête Covimater, lancée le 6 juillet 2020 évalue, auprès de 500 femmes enceintes, l’impact du premier confinement sur le vécu de leur grossesse. Les résultats sont attendus pour 2021. Et CovSa Familles 93 est une étude socio-anthropologique sur des familles de Seine-Saint-Denis. Elle s’appuie sur deux vagues d’entretiens...

 de mai à juin auprès de différentes typologies de familles (logements sur-occupés, ouvriers/employés en activité, usage des transports en commun, faible littératie, nés à l’étranger) ; et de juillet à août auprès de professionnels socio-sanitaires, dont des spécialistes de la visite à domicile. Les analyses seront aussi publiées en 2021. Enfin, d’autres études sont réalisées dans différents milieux professionnels, et en particulier chez les professionnels de santé. « Nous vivons durablement cette situation exceptionnelle liée à l’épidémie de Covid-19, a déclaré le Pr Geneviève Chêne, Directrice générale de Santé Publique France. Exceptionnelle aussi car pour freiner l’épidémie, c’est toute notre vie qui est bouleversée : au niveau économique, au niveau social, au niveau affectif. Environ un tiers de la population française exprime les symptômes d’un état dépressif ou anxieux. Telle est l’épidémie derrière la pandémie. Cela nécessite des réponses de santé publique fortes et durables pour détecter et prendre en charge la souffrance psychique grâce à des dispositifs d’aide à distance adaptés pour prévenir le développement des symptômes et leur chronicisation ».

  Des outils de communication pour améliorer la prise en charge précoce Pour repérer le plus précocement des symptômes psychiques et les prendre en charge le mieux possible, Santé Publique France et le ministère des solidarités et de la santé ont lancé le 6 avril une campagne de sensibilisation à destination du grand public, avec une attention particulière portée aux 18-24 ans. « L’objectif est d’encourager la parole auprès de son entourage, d’un professionnel de santé et de recourir aux dispositifs d’information, d’écoute et de soutien psychologique existants » précise Santé Publique France. La campagne est organisée autour du message : « En parler, c’est déjà se soigner ». Elle oriente vers le numéro vert 0 800 130 000 et le site Psycom.org. Les jeunes peuvent aussi contacter Fil Santé Jeunes, un service anonyme et gratuit à destination des jeunes de 12 à 25 ans, proposant une ligne d’écoute, 0 800 235 236, accessible 7 jours sur 7 de 9h à 23h, et un site internet mettant à disposition de l’information, un forum, un tchat, et une orientation vers des structures d’aide. Un espace dédié à la santé mentale a aussi été créé sur le site de Santé publique France.

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