Le prix Nobel de chimie récompense une française pour ses travaux de génétique
Les deux scientifiques sont à l’origine de l’invention de la technique de ciseaux génétiques Crispr-Cas9 en 2012, qui a révolutionné le domaine de l'ingénierie génétique. Ces ciseaux permettent en effet aux chercheurs de modifier l'ADN des animaux, des plantes et des micro-organismes avec une précision extrêmement élevée. « Cette technologie a eu un impact révolutionnaire sur les sciences de la vie, contribue à de nouvelles thérapies contre le cancer et peut réaliser le rêve de guérir des maladies héréditaires » explique dans un communiqué le jury du prix Nobel. Ainsi le système Crispr-Cas9 constitue de véritables ciseaux moléculaires permettant de couper et modifier l’ADN à des endroits précis du génome. Par rapport aux différents outils de modification de l’ADN qui existaient auparavant, ce nouveau système est beaucoup plus simple et précis. Il a été très vite adopté par les chercheurs en sciences du vivant. Il aide, en particulier, à générer des modèles de maladie pour mieux les comprendre. "Crispr-Cas9 permet de mimer une maladie impliquant des gènes, et donc ses symptômes, et ainsi de tester des médicaments", décrit Carine Giovannangeli, chercheuse CNRS au laboratoire "Structure et instabilité des génomes". Il est utilisé pour inactiver un gène, en contrôler l’expression ou le modifier. Crispr-Cas9 offre donc l’espoir de nouveaux traitements en particulier contre des pathologies génétiques héréditaires. Des essais cliniques sont notamment en place pour traiter des maladies hématologiques comme la drépanocytose. "Certains patients arrivent à survire 6 à 8 mois sans transfusion sanguine", a relevé Emmanuelle Charpentier, au micro de RTL. Mais "prudence, il faut du temps", a souligné la lauréate, relevant que les essais cliniques devaient maintenant se développer. Mais « ce système est également prometteur pour le développement des nouvelles immunothérapies contre le cancer (CAR-T cells) », ajoute le communiqué du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, dans lequel Frédérique Vidal félicite les deux chercheuses. Les biologistes s'en servent aussi pour moduler l'expression de gènes impliqués dans la résistance aux antibiotiques. « Les bénéfices sont incroyables pour comprendre les mécanismes biologiques fondamentaux de la maladie », réagit Paul Workman, de l'Institut de recherche du cancer à Londres, dans un communiqué. Les ciseaux pourraient, en outre, cibler directement certains virus, comme le VIH, en manipulant les cellules immunitaires. Et il existe déjà « des kits basés sur le système Crispr pour détecter le virus » SARS-CoV-2, responsable du Covid-19, a fait valoir E. Charpentier après l'annonce de son prix. Le champ des applications est également immense en agronomie, pour augmenter par exemple la résistance des cultures au changement climatique. Membre de l’Académie des sciences et de l’Académie des technologies en France, le Pr Emmanuelle Charpentier a effectué ses études en France avec un master à Sorbonne Université, puis un doctorat et un post-doctorat à l’Institut Pasteur. Elle a ensuite eu un parcours international au sein d’institutions américaines prestigieuses avant un retour en Suède et en Allemagne. Elle a créé et dirige l’institut Max Planck de Science des Pathogènes à Berlin. Elle est également professeur à l’Université d’Umea en Suède et professeur honoraire à l’Université Humboldt.
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