Covid : identification de facteurs génétiques et immunologiques de formes sévères

28/09/2020 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Une équipe de chercheurs franco-américaine, a identifié, pour la première fois, des causes génétiques et immunologiques impliquées dans les formes sévères d’infection Covid-19. Ces facteurs, qui touchent l’action des interférons de type 1, expliqueraient 15% de ces formes graves. Une étape importante dans la connaissance de la maladie, qui pourrait permettre d’identifier plus précisément les patients à risque, d’anticiper et d’améliorer leur prise en charge.
 

Dès le début de pandémie de Covid-19, le chercheur Jean-Laurent Casanova et son équipe ont mis en place un consortium international, Covid human genetic effort, dont l’objectif était d’identifier les facteurs génétiques et immunologiques pouvant expliquer la survenue de formes graves de la maladie. Grâce à l’analyse de plusieurs cohortes, ils ont tout d’abord montré,  dans une première étude qui vient d’être publiée dans Science, l’existence d’anomalies génétiques qui diminuent la production des interférons (IFN) de type I. Ces mutations seraient présentes dans 3-4% des formes graves de Covid. Elles concernent 13 gènes, dont l’implication a déjà été montrée au cours de la grippe. Ainsi, quel que soit leur âge, les personnes porteuses de mutations génétiques sont plus à risque de développer une forme potentiellement mortelle de grippe ou de Covid-19. Selon les auteurs, le dosage sérique des IFN de type I pourrait constituer un moyen simple et rapide de détecter certains de ces sujets à risque. Cette découverte a aussi un intérêt thérapeutique car on pourrait envisager un traitement précoce par IFN de type 1, ces médicaments étant déjà disponibles depuis plus de 30 ans.

Dans une seconde étude publiée aussi dans Science, les chercheurs ont montré, chez des patients Covid sévères, la présence à taux élevé dans le sang d'autoanticorps neutralisants dirigés contre les IFN de type I, et qui empêchent l’action des IFN. Ces autoanticorps sont retrouvés chez 10-11 % des patients développant une pneumonie grave par infection au Sars-CoV2. En revanche, Ils sont absents chez les personnes qui développent une forme bénigne de la maladie et rares dans la population générale (0,33 % dans une étude sur une population contrôle). Ces anticorps sont apparus beaucoup plus fréquemment chez les hommes (95 sur 101) indiquant une implication du chromosome X ; et chez les sujet de plus de 65 ans suggérant leur augmentation avec l’âge. Selon les chercheurs, les personnes ayant ces autoanticorps, les auteurs pensent qu’elles pourraient bénéficier d’une plasmaphérèse, ou d’autres traitements pouvant réduire la production de ces anticorps. Pour les auteurs, ces résultats suggèrent qu’il faut donc dépister la population générale afin de détecter ces anticorps. «Qu’il s’agisse de variants génétiques qui diminuent la production d’IFN de type I pendant l’infection ou d’anticorps qui les neutralisent, ces déficits précèdent l’infection par le virus et expliquent la maladie grave. Ces deux publications majeures mettent donc en évidence le rôle crucial des IFN de type I dans la réponse immunitaire contre le SARS-CoV2 », concluent Jean-Laurent Casanova et Laurent Abel.  

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