« Entéropathie auto-immune induite par l’ingestion de gluten, la maladie cœliaque atteint environ 1 % de la population européenne », a rappelé le Dr Antoine Assaf (Hôpital européen Georges Pompidou, Paris). « Observée chez des sujets génétiquement prédisposés (HLA-DQ2 et/ou DQ8), elle se caractérise par l’apparition d’une atrophie villositaire et un infiltrat lympho-plasmocytaire, qui régresse sous régime sans gluten ». L’évolution est favorable dans la grande majorité des cas. Néanmoins, des complications rares mais potentiellement graves peuvent apparaître, telle qu’une déminéralisation osseuse avec risque fracturaire ou des complications malignes : sprue réfractaire de type II (qui correspond à un lymphome de bas grade), lymphome T de haut grade ou EATL (Enteropathy-associated T cell lymphoma), adénocarcinome de l’intestin grêle. Une analyse rétrospective de 898 patients, pris en charge à l’hôpital européen Georges Pompidou entre 2000 et 2020, a montré, après un suivi médian de 9,5 ans que le risque d’apparition d’une sprue réfractaire de type II (7,2 % des patients), d’un EATL (5,2 % des patients dont la moitié avec une sprue) ou d’un adénocarcinome du grêle (0,9 %) était accru chez les patients de sexe masculin. Un diagnostic après l’âge de 50 ans, un régime sans gluten non respecté, mais aussi la persistance d’une atrophie villositaire sous régime sans gluten bien suivi accroissaient le risque carcinologique, et une hypoalbuminémie lors du diagnostic était associée à un risque majoré de lymphome T. En revanche, fait rassurant, il n’a pas été constaté d’apparition de sprue ou de lymphome T chez les 28 % de patients diagnostiqués avant l’âge de 18 ans. « Ce qui met en lumière l’importance de débuter le régime sans gluten à un âge précoce », a appuyé le Dr Assaf.
Un âge au diagnostic de plus de 50 ans, et l’appartenance au sexe masculin exposaient aussi à un risque majoré de déminéralisation osseuse, qui a été constatée chez 59 % des patients, et s’est manifestée le plus souvent par une ostéopénie (41 %) mais aussi parfois déjà par une ostéoporose (17 %) ou même des fractures osseuses (5,3 %). Le tabagisme augmentait par 1,8 la probabilité de survenue d’une ostéoporose. « Une étude prospective pourrait être entreprise, dans le but de développer un score pronostique afin de sélectionner les patients à haut risque devant avoir un suivi rapproché avec dépistage des complications de la maladie cœliaque », a indiqué le Dr Assaf.
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