Covid-19 : une symptomatologie jamais vue

01/04/2020 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Si la fatigue, la toux et une fièvre généralement modérée font partie de la plupart des tableaux cliniques de Covid-19, la pathologie se caractérise par une variation importante des symptômes dans leur nature, et dans leur durée, liée au fait que la population n’a jamais été exposée à ce virus auparavant.

  Selon le site Coronaclic, mis en place par le Collège de la médecine générale (CMG), les symptômes les plus fréquemment rencontrés sont au cours du Covid-19 sont : fièvre (83 à 98%, mais jusqu’à 60% de patients apyrétiques dans des études avec moins de patients hospitalisés, température médiane = 37,75 à 38,3°C), toux (59 à 82%) habituellement sèche, dyspnée (31 à 55%), myalgies (11 à 44%), confusion (9%), céphalées (6 à 13%), maux de gorge (5 à 17%), rhinorrhée (4%), douleur thoracique (2%), diarrhée (3 à 10%), nausées vomissements (1 à 13%). L'asthénie est fréquemment décrite comme importante, associée à des céphalées parfois violentes. La fièvre peut être fluctuante, mais aussi parfois élevée en plateau pendant plusieurs jours, rapportent des médecins généralistes. De nombreux malades se plaignent également de courbatures, qui, à l’inverse de celles retrouvées au cours de la grippe, sont souvent plus douloureuses, et plus localisées. Une vigilance doit être apportée aux formes survenant chez les personnes âgées chez qui une symptomatologie digestive (notamment diarrhées), un état confusionnel, des chutes, initialement non fébriles, sont souvent au premier plan. Autre signe majeur, l’anosmie, parfois associée à une agueusie, peut survenir de façon brutale, et même être le seul signe de la maladie. Depuis 2 semaines, les ORL ont été alertés par de nombreux cas de personnes ne présentant que ce symptôme, non associé à une obstruction nasale. « Ca semblait bizarre », confie à l'AFP le Dr Alain Corré, ORL à l'Hôpital-Fondation Rothschild à Paris. Avec le Dr Dominique Salmon de l'Hôtel Dieu, ils ont donc menée une étude sur une soixantaine de patients anosmiques. Résultats : 90% étaient positifs. La perte d'odorat pourrait constituer un symptôme pathognomonique. A ce stade, c'est la seule présentation spécifique du nouveau coronavirus. « Dans le contexte actuel, si vous avez une anosmie sans nez bouché, vous êtes... Covid positif, ça n'est pas la peine d'aller vous faire tester », tranche le Dr Corré.

  Les formes sévères représenteraient 14% des cas L'une des caractéristiques du Covid-19 est son aspect fluctuant, soulignent des médecins interrogés par l'AFP. « Quand on a la grippe, on est au fond de son lit pendant quelques jours et après on va globalement de mieux en mieux. Là, les malades vont mieux un jour, le lendemain à nouveau mal. C'est très surprenant. En 25 ans d'exercice, je n'ai jamais vu ça », explique Marianne Pauti, médecin généraliste à Paris. « Ils ont l'impression de ne pas voir le bout du tunnel », témoigne un médecin du travail à Paris. Il est important que les patients soient avertis de cette évolution, afin qu'ils se reposent, même s'ils ont l'impression d'aller mieux, insiste ce médecin. L'entrée dans la maladie se fait assez progressivement, contrairement à la grippe par exemple. En général, les symptômes durent deux semaines, voire plus - parfois moins. Et l'aggravation peut survenir dans un second temps. Les atteintes pulmonaires associent fréquemment une douleur d’intensité variable et une dyspnée. Le sentiment d'avoir les poumons « dans un étau » est souvent rapporté. La dyspnée est souvent aggravée par l'angoisse, notamment chez les personnes isolée. Selon Coronaclic, les formes sévères représenteraient 14% des cas. Elles sont caractérisées par une dyspnée, une fréquence respiratoire ≥30/mn, une SaO2≤ 93%, une PiO2 <300, et/ou infiltrat pulmonaire > 50% en 24-48h. Les formes critiques (SDRA, choc septique, et/ou défaillance multiviscérale) constitueraient 5% des cas. Une aggravation brutale peut survenir entre le 7e et le 14e jour, sous forme de pneumonie bilatérale, avec l'aspect radiologique en verre dépoli. Le Dr Pauti note chez la plupart des hospitalisés « une tolérance clinique incroyable: ils n'étouffent pas du tout alors qu'ils ont des paramètres catastrophiques à la gazométrie ». « Quand ça s'aggrave ça arrive tout d'un coup », témoigne ce médecin. Il s'agit alors de détresse respiratoire aigüe sévère. En réanimation, le respirateur peut permettre de passer le cap, mais la situation peut se détériorer encore, et mener au décès, sans que l'on sache pourquoi. « C'est probablement un emballement généralisé du système inflammatoire, purement viral - on trouve peu de surinfections bactériennes », analyse-t-elle. « Le drame de ce virus, conclut-elle, c'est qu'il frappe une population naïve, réceptive à 100% », puisque notre système immunitaire ne l'a jamais rencontré. Il faut rappeler cependant que dans la grande majorité des cas, probablement plus de 80%, les manifestations du Covid-19 ne sont pas graves, voire peuvent passer inaperçues.

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

0 commentaire
3 débatteurs en ligne3 en ligne





 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Enquête
Abandon des études de médecine : enquête sur un grand "gâchis"
05/09/2024
15
"Dans cette vallée, le médicobus ne remplace pas le médecin traitant" mais assure "la continuité des soins"
17/09/2024
2
La Revue du Praticien
Addictologie
Effets de l’alcool sur la santé : le vrai du faux !
20/06/2024
2
Podcast Vie de famille
Le "pas de côté" d'un éminent cardiologue pour comprendre le cheminement de son fils apprenti chamane
17/05/2024
0
Rémunération
"Les pouvoirs publics n'ont plus le choix" : les centres de santé inquiets de l'avenir de leur modèle...
07/05/2024
5