Variole du singe : quelle stratégie vis-à-vis des enfants et des personnes déjà vaccinées ?
Ainsi, pour les personnes primo-vaccinées dans leur enfance, la HAS recommande l’administration d’une seule dose de vaccin de 3ème génération Imvanex (laboratoire Bavarian Nordic). En effet, les études ont établi que la primovaccination entraîne une réponse immunitaire prolongée. En outre, trois essais cliniques ont montré l’utilité d’une dose supplémentaire avec le vaccin de 3ème génération, qui confère "un effet booster, même très à distance de cette primovaccination", souligne la HAS.
Si la personne contact à risque est immunodéprimée, il faut rester sur le schéma vaccinal initialement recommandé, soit 3 doses d’Imvanex.
Le problème se pose chez les enfants. Car, si les vaccins de 1ère et 2ème générations ont longtemps été utilisés chez les nourrissons et les jeunes enfants, celui de 3ème génération n’est autorisé que chez les adultes. En outre, selon des données provenant le plus souvent d’Afrique, les enfants semblent plus susceptibles de développer des formes graves de la maladie et d’en décéder. "Lors de l’épidémie qui a touché les Etats-Unis en 2003, parmi les 35 cas confirmés en laboratoire (sur les 71 cas déclarés), 11 étaient des enfants âgés de 6 à 18 ans, dont 2 ont développé une forme sévère de la maladie", ajoute la HAS.
Et concernant le vaccin, si les données d’immunogénicité sont insuffisantes en population pédiatrique, plusieurs éléments indirects et historiques sont en faveur d’une bonne tolérance chez les enfants. Ainsi, d’autres vaccins - tels que ceux contre Ebola, le paludisme ou la tuberculose - utilisent la même plateforme, le Modified Virus Ankara - MVA, à des doses plus élevées que celles préconisées pour Imvanex ; et ils sont bien tolérés chez les enfants de plus de 4 mois. En outre, aucun effet indésirable n’a été rapporté après les vaccinations – y compris d’enfants et de nourrissons – lors de l’épidémie au Royaume-Uni en 2018 et 2019.
D'après un avis de l’Agence nationale pour la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), les données sont insuffisantes pour "statuer pleinement" sur le rapport bénéfice/risque en population pédiatrique.
Cependant, au vu de l’ensemble de ces données, et du fait du contexte sanitaire, la HAS s’est prononcée "en faveur de l’utilisation des vaccins de 3e génération, après une évaluation au cas par cas pour chaque enfant, dans le cadre d’une vaccination réactive post-exposition". Cette vaccination doit être décidée seulement par des spécialistes, "après évaluation stricte des bénéfices et des risques pour le mineur concerné, dans le cadre d’une décision médicale partagée, et avec le consentement des parents (ou du responsable légal de l’enfant), et de l’adolescent le cas échéant".
Elle recommande, en outre, la réalisation de nouveaux essais cliniques chez les enfants avec le vaccin de 3ème génération.
Dans un communiqué diffusé ce mardi 21 juin, Santé publique France a indiqué que 277 cas d'infection par le virus de la variole du singe ont été rapportés à cette date dans le pays. Le dernier bilan, établi cinq jours plus tôt, faisait état de 183 cas confirmés. Parmi ces 277 cas, "un premier cas féminin a été confirmé, dont le mode de transmission est en cours d'investigation, et tous les autres sont des hommes", a précisé SpF. Jusqu'ici en effet, dans la quarantaine de pays où des cas de variole du singe ont été découverts, les hommes étaient principalement concernés, et notamment les hommes ayant eu des relations homosexuelles. Sur l'ensemble des cas observés en France, 195 ont été détectés en Ile-de-France, 16 en Occitanie, 14 en Auvergne-Rhône-Alpes, 16 en Nouvelle-Aquitaine, 12 dans les Hauts-de-France, 12 en Provence-Alpes-Côte d'Azur, 6 en Normandie, 1 en Centre-val de Loire, 1 en Bourgogne-Franche-Comté, 1 en Grand-Est et 3 en Bretagne, selon SpF.
L.C. avec AFP
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