Entreprises du médicament françaises : l’enjeu de l’autonomie sanitaire
Les résultats de ce rapport soulignent tout d’abord les capacités d’adaptation des entreprises du médicament qui, comme l’ont démontré les avancées en thérapeutique et en vaccinologie, ont su accélérer la recherche, augmenter les capacités de production, et mobiliser ses collaborateurs. La crise a permis de mettre en avant la dimension de santé publique de ces entreprises, ainsi que son efficience et son rôle d’acteur majeur de la reprise économique. Cependant, elle a aussi fait ressortir certaines fragilités, et en particulier sa forte dépendance des chaînes de production internationalisées (en particulier de la Chine, mais pas uniquement). La France n’est aujourd’hui que le 4ème producteur européen de médicaments en valeur, derrière la Suisse, l’Allemagne et l’Italie, après avoir occupé la 1ère place de 1995 à 2008. Et la production industrielle française continue de se tasser en comparaison de ses grands voisins européens (- 0,9 % entre 2010 et 2017, contre + 2,8 % pour l’Italie ou + 1,6 % pour l’Allemagne). Cette perte de compétitivité est soulignée depuis longtemps par le Leem. Les raisons en sont bien connues : lourdeur de la régulation économique, délais d’accès au marché, fiscalité de la production ou encore complexité et instabilité des normes, rappelle le cabinet Kearney.
Dans ce contexte, cette analyse invite à repenser la gouvernance de la politique du médicament autour de deux axes : une simplification et une meilleure intégration de l’ensemble des parties prenantes (administrations publiques, industriels, mais aussi professionnels de santé et patients). Avec pour objectifs principaux: l’accès aux patients à tous les traitements en toutes circonstances et particulièrement en période de crise, en activant l’ensemble des leviers possibles (simplification du portefeuille, contingentement, stock de sécurité, partenariat au niveau européen ; et la transformation des processus industriels pour une production respectueuse de l’environnement, dans le cadre d’une coopération européenne développée. Il s’agit aussi d’améliorer le partage d’accès et d’analyse des données de santé, et d’accélérer la digitalisation de l’écosystème de santé. « Certaines recommandations du cabinet Kearney font d’ailleurs écho aux engagements pris par le Leem avant la crise sanitaire (lutte contre les ruptures d’approvisionnement, financement des médicaments d’innovation majeure, transformation de l’appareil de production, digitalisation de l’écosystème de santé, coopération européenne…). S’il est important de capitaliser sur ces pistes de réflexion, un certain nombre d’entre elles ne relèvent pas de la responsabilité de notre organisation professionnelle, mais des entreprises ou des seuls pouvoirs publics. […] Les annonces récentes nous encouragent et nous voulons croire à la reconnaissance stratégique du secteur pour assurer la disponibilité des traitements en toute circonstance et pour développer l’attractivité de la France. C’est dans cet esprit que nous serons attentifs à la cohérence des mesures qui seront prises tout au long des prochains mois» a commenté Frédéric Collet, président du Leem.
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