Le gluten, une protéine de stockage présente dans la farine, le seigle et l’orge, déclenche une inflammation intestinale chez les personnes présentant une maladie cœliaque. Certaines personnes ayant des symptômes intestinaux ou extra-intestinaux qu’ils disent déclenchés par le gluten mais qui n’ont pas de maladie cœliaque à proprement parler, pourraient avoir une « sensibilité au gluten », une entité clinique sans base biologique caractérisée à l’heure actuelle.
Dans la mesure où le gluten pourrait favoriser une inflammation, y compris en absence de maladie cœliaque, les régimes limitant la prise de gluten sont devenus de plus en plus populaires. Pourtant, ces régimes sont peut-être moins recommandables sur le plan nutritionnel et coûtent surtout beaucoup plus cher. Malgré cela, la tendance à une restriction en gluten augmente, alors même qu’on ne dispose pas d’étude prospective à long terme sur la relation entre le gluten de l’alimentation et le risque de maladie chronique, en particulier de pathologies coronariennes, chez les personnes qui n’ont pas de maladie cœliaque. Ceci a amené une équipe américaine, dans le cadre d’une étude prospective de cohorte, à analyser les données de la Nurses’ Health Study et de la Health Professionals Follow-up Study, deux études qui comportaient, au début de l’étude, en 1986, le remplissage d’un questionnaire semi-quantitatif avec 131 questions sur leur alimentation. Les sujets ont ensuite été suivis jusqu’en 2010. L’étude a porté sur plus de 64 000 femmes dans la Nurses’ Health Study et plus de 45 000 hommes dans la Health Professionals Follow-up Study. Au cours des 26 ans de suivi (plus de 2 millions de personnes/année), 2 431 femmes et 4 098 hommes ont développé une maladie coronarienne. Les participants dans le quintile inférieur de consommation de gluten avaient une incidence de maladie coronaire de 352 pour 100 000 personnes/année, alors que ceux dans le quintile supérieur avaient un taux de 277 événements pour 100 000 personnes/année donnant une différence non ajustée de 75 cas de maladie coronaire en moins pour 100 000 personnes/année. Après ajustement pour les facteurs de risque connus, le hazard ratio multivarié pour une maladie coronaire était de 0.95 (IC 95 % = 0.88-1.02, p = 0.29) entre les deux quintiles. Après ajustement complémentaire pour la prise de céréales entières, le hazard ratio multivarié était de 1 (0.92-1.09, p pour la tendance = 0.77). Et, au contraire, après ajustement complémentaire vis-à-vis de la prise de céréales raffinées, la consommation estimée de gluten était associée à un risque inférieur de maladie coronaire (hazard ratio multivarié = 0.85 ; 0.77-0.93, p pour la tendance = 0.002). En conclusion, à long terme, la consommation alimentaire de gluten n’est pas associée à un risque de maladie coronarienne. De plus, l’évitement du gluten pourrait conduire à une réduction de la consommation de céréales entières connues pour être bénéfiques, ce qui pourrait augmenter le risque cardiovasculaire. Il ne faut donc pas faire la promotion de régimes sans gluten chez les personnes qui n’ont pas de maladie cœliaque.
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