Le suicide après la grossesse était considéré comme exceptionnel. En réalité, les données de l’enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ENCMM), mise en place depuis 1996 en France, révèlent que cet événement n’est malheureusement pas si rare lorsqu’on prend en compte, comme le recommande depuis 2012 l’Organisation mondiale de la santé (OMS) une période d’un an après l’accouchement, a expliqué le Dr Catherine Deneux-Tharaux (Paris), en charge de cette étude. Ainsi, 62 suicides ont été constatés pour la période 2007-2009, dont 7 % durant la grossesse, 7 % au cours des 42 jours du post-partum et 86 % entre 42 et 365 jours (ce qui correspond pour l’OMS à la définition de mort maternelle tardive), en médiane à 179 jours. Les données relevées sur les périodes ultérieures vont dans le même sens. "Ces chiffres sur 1 an conduisent à estimer que le suicide représente 20 % de la mortalité maternelle. Ce qui en fait le premier motif de mortalité maternelle." Des études danoise et britannique ont rapporté des taux de respectivement 18 % et 13 %.
"Il faudrait sensibiliser les équipes obstétricales, psychiatriques, les sages-femmes et les médecins généralistes qui voient les femmes en ville à ce risque, qui survient chez des femmes avec ou sans des antécédents psychiatriques (dépression, psychose)", a insisté le Dr Deneux-Tharaux. L’analyse de cas suggère en effet que "certains de ces suicides étaient évitables". Des recherches devront aussi être entreprises pour comprendre pourquoi ces suicides surviennent souvent bien après le délai de survenue des dépressions du post-partum et pour identifier des facteurs de prévention.
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