Congrès Encéphale : une méta-analyse confirme l’efficacité des antidépresseurs

11/02/2019 Par Corinne Tutin
Psychiatrie

L’efficacité des antidépresseurs est variable. Néanmoins, tous font mieux que le placebo chez les patients adultes avec une dépression unipolaire.

L’efficacité des antidépresseurs a parfois été remise en question. Une méthode pour l’apprécier est d’entreprendre des méta-analyses en réseau, dans laquelle les effets des médicaments peuvent être évalués au vu de comparaisons indirectes. Par exemple, on jugera de l’activité respective de deux médicaments A et C, si on dispose des résultats d’essais randomisés ayant permis de les comparer tous deux à un médicament B. Une méta-analyse de ce type, entreprise par l’équipe du Pr Andrea Cipriani (Université d’Oxford, Grande-Bretagne), a mesuré l’efficacité et l’acceptabilité respectives de 21 antidépresseurs de 1e ou 2e génération, utilisés chez des patients adultes avec un épisode dépressif unipolaire*. Fait original, "cette méta-analyse, qui avec 522 essais analysés et 116 477 patients inclus est la plus vaste jamais réalisée au monde, a pris en compte 86 essais non publiés et 15 études personnelles". Pour réaliser ce travail international, ces auteurs ont non seulement passé en revue les bases de données électroniques jusqu’au 8 janvier 2016, mais consulté les sites des autorités sanitaires (pour récupérer les données des essais non publiés qui pouvaient être négatifs), les registres et sites des industriels, ainsi que des revues scientifiques. Ont été exclus de l’analyse, les données concernant la dépression bipolaire, résistante, ou s’accompagnant de symptômes psychotiques, ou de comorbidités sévères. La durée moyenne du traitement était de 8 semaines et l’âge moyen des patients (dans 62,3 % des femmes) de 44 ans.   Des traitements bien acceptés   Tous les antidépresseurs se sont révélés plus efficaces (taux de réponses) que le placebo avec un odds ratio de 1,37 pour le moins bien classé d’entre eux : la réboxétine. Autre renseignement important, les antidépresseurs avaient une acceptabilité en termes d’arrêt de traitement équivalente à celle d’un placebo, si l’on excepte l’agomélatine (0,84) et la fluoxétine (0,88), qui faisaient mieux, et la clomipramine qui faisait moins bien (1,30). Les antidépresseurs, qui arrivaient en tête sur le plan de l’efficacité en comparaison d’un placebo étaient : l’amitriptyline (2,13), puis la mirtazapine (1,89), la duloxétine (1,85), la venlafaxine (1,78), et la paroxétine (1,75)... Néanmoins, lorsqu’on prenait en compte les essais comparatifs entre molécules (qui tendent à majorer l’effet des antidépresseurs par rapport à ceux réalisés contre placebo, probablement parce que l’attente du patient est plus forte), ce sont l’agomélatine, l’amitriptyline, l’escitalopram, la mirtazapine, la paroxétine, la venlafaxine et la vortioxétine qui étaient jugées plus efficaces.  Et, au final, les antidépresseurs avec le meilleur taux de réponse et le plus bas taux d’abandons étaient : l’escitalopram, la mirtazapine, la paroxétine, l’agomélatine, la sertraline. Le Pr Cipriani a admis que ces chiffres ne donnent qu’une idée générale et qu’il faudrait pouvoir choisir le traitement en fonction des caractéristiques du patient (âge, sévérité de la dépression…) et des effets secondaires qu’il craint (sédation, prise pondérale), les effets des antidépresseurs pouvant différer à ce niveau.

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