Développement "incontrôlé" des dépassements d'honoraires des médecins : l'UFC-Que-Choisir veut fermer l'accès au secteur 2

13/12/2023 Par Aveline Marques
Patients

L'association de consommateurs, qui représente également les usagers de la santé, publie les résultats d'une étude économétrique tendant à démontrer une "homogénéité" des tarifs des médecins en secteur 2 sur un territoire. A l'inverse, la présence d'un médecin en secteur 1 à proximité fait baisser les tarifs : de 18% pour les ophtalmologues et de 32% pour les gynécologues.   Quelques semaines après avoir publié une étude imputant "la fracture sanitaire" à la liberté d'installation et annoncé un recours contre "l'inaction coupable" de l'Etat, l'UFC-Que Choisir s'attaque aux dépassements d'honoraires des médecins, dont le développement est jugé "anarchique". L'association dévoile les résultats d'une nouvelle étude économétrique démontrant "la corrélation entre intensité concurrentielle (présence et nombre de médecins en secteur 1 et 2) et le niveau des tarifs pratiqués". Pour ce faire, les tarifs de trois spécialités, où la part de praticiens en secteur 2 est importante, ont été analysés : gynécologues, ophtalmologues et pédiatres. Ainsi, en 2021, 70,6 % des gynécologues, 66,2 % des ophtalmologues et 48,2 % des pédiatres pratiquaient des dépassements, "des proportions en forte hausse sur 5 ans : elles ont augmenté de respectivement 9,1, 7,8 et 9,7 points par rapport à 2016", pointe l'UFC.

 

Pour les gynécologues, les tarifs moyens les plus élevés se retrouvent dans les Hauts-de-Seine, à Neuilly-sur-Seine (86 euros), à Boulogne-Billancourt (80 euros) et à Paris (77 euros), où 464 des 494 gynécologues installés exercent en secteur 2. Neuilly arrive en tête également pour les ophtalmologues (72 euros), tandis que c'est Boulogne-Billancourt qui se classe en haut du podium pour les pédiatres (79 euros). L'étude démontre surtout une "homogénéité" des tarifs pratiqués par les médecins en secteur 2 au niveau local (dans les 5-6 kilomètres), quelle que soit la spécialité considérée. Si, dans les années 70 et 80, la "pléthore" médicale incitait les médecins à s'installer dans des zones moins pourvues et/ou à baisser leurs tarifs pour se garantir une patientèle, "l'atonie" actuelle de l'offre médicale "empêche une forme de concurrence sur le niveau des honoraires", analyse l'UFC.

 

A l'inverse, pointe l'UFC-Que Choisir, dans chacune des spécialités étudiées, la présence d'un médecin en secteur 1 dans les environs est corrélée à une baisse des tarifs pratiqués par les confrères en secteur 2. "Une hausse d’un point de la densité de gynécologues secteur 1 est corrélée à une baisse des honoraires de 32 % au sein du secteur 2 dans la même commune", relève l'étude. La baisse est de 16% pour les ophtalmologues et de 18% pour les pédiatres. S'appuyant sur ses résultats, et sur ceux de sa précédente étude sur l'accès aux soins, l'association de consommateurs réitère son appel à la mise en place d'un conventionnement territorial des médecins "ne leur permettant plus de s’installer en zones surdotées, à l’exception du secteur 1 quand la situation l’exige (remplacement d’un médecin partant à la retraite ou zone très largement sous-dotée en médecins en secteur 1)". En parallèle, l'UFC demande la fermeture du secteur 2 à honoraires libres, qu'elle juge "à l'origine du développement incontrôlé des dépassements d'honoraires".  "Les nouveaux médecins ne devraient avoir le choix" qu’entre le secteur 1 et l'Optam. Enfin, elle suggère de supprimer les "aides publiques" aux médecins à honoraires libres.

 

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

31 commentaires
3 débatteurs en ligne3 en ligne
Photo de profil de M A G
3,1 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 11 mois
La présence des secteur 1 signifie tout simplement que les prix de l'immobilier sont suffisamment bas pour permettre l'installation dans ce secteur. Tout au moins à court terme, car on ne sait pas com...Lire plus
Photo de profil de Eric Lioret
269 points
Débatteur Renommé
Médecins (CNOM)
il y a 11 mois
Que l'UFC-Que choisir reste dans son domaine d'(in)compétence : les machines à laver et les télés grand écran ... La présence d'un médecin en secteur 1 dans les environs est corrélée à une baisse des...Lire plus
Photo de profil de Thierry Bodin
100 points
Débatteur Renommé
Gastro-entérologie et hépatologie
il y a 11 mois
J'ai été bloqué ma vie entière comme spécialiste secteur 1 à Paris (merci Juppé) et j'ai été contraint de fermer mon cabinet non rentable pour me réorienter vers des métiers plus lucratifs et moins ch...Lire plus
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Enquête
Abandon des études de médecine : enquête sur un grand "gâchis"
05/09/2024
15
"Dans cette vallée, le médicobus ne remplace pas le médecin traitant" mais assure "la continuité des soins"
17/09/2024
2
La Revue du Praticien
Addictologie
Effets de l’alcool sur la santé : le vrai du faux !
20/06/2024
2
Podcast Vie de famille
Le "pas de côté" d'un éminent cardiologue pour comprendre le cheminement de son fils apprenti chamane
17/05/2024
0
Rémunération
"Les pouvoirs publics n'ont plus le choix" : les centres de santé inquiets de l'avenir de leur modèle...
07/05/2024
5