Développement "incontrôlé" des dépassements d'honoraires des médecins : l'UFC-Que-Choisir veut fermer l'accès au secteur 2
L'association de consommateurs, qui représente également les usagers de la santé, publie les résultats d'une étude économétrique tendant à démontrer une "homogénéité" des tarifs des médecins en secteur 2 sur un territoire. A l'inverse, la présence d'un médecin en secteur 1 à proximité fait baisser les tarifs : de 18% pour les ophtalmologues et de 32% pour les gynécologues. Quelques semaines après avoir publié une étude imputant "la fracture sanitaire" à la liberté d'installation et annoncé un recours contre "l'inaction coupable" de l'Etat, l'UFC-Que Choisir s'attaque aux dépassements d'honoraires des médecins, dont le développement est jugé "anarchique". L'association dévoile les résultats d'une nouvelle étude économétrique démontrant "la corrélation entre intensité concurrentielle (présence et nombre de médecins en secteur 1 et 2) et le niveau des tarifs pratiqués". Pour ce faire, les tarifs de trois spécialités, où la part de praticiens en secteur 2 est importante, ont été analysés : gynécologues, ophtalmologues et pédiatres. Ainsi, en 2021, 70,6 % des gynécologues, 66,2 % des ophtalmologues et 48,2 % des pédiatres pratiquaient des dépassements, "des proportions en forte hausse sur 5 ans : elles ont augmenté de respectivement 9,1, 7,8 et 9,7 points par rapport à 2016", pointe l'UFC.
Pour les gynécologues, les tarifs moyens les plus élevés se retrouvent dans les Hauts-de-Seine, à Neuilly-sur-Seine (86 euros), à Boulogne-Billancourt (80 euros) et à Paris (77 euros), où 464 des 494 gynécologues installés exercent en secteur 2. Neuilly arrive en tête également pour les ophtalmologues (72 euros), tandis que c'est Boulogne-Billancourt qui se classe en haut du podium pour les pédiatres (79 euros). L'étude démontre surtout une "homogénéité" des tarifs pratiqués par les médecins en secteur 2 au niveau local (dans les 5-6 kilomètres), quelle que soit la spécialité considérée. Si, dans les années 70 et 80, la "pléthore" médicale incitait les médecins à s'installer dans des zones moins pourvues et/ou à baisser leurs tarifs pour se garantir une patientèle, "l'atonie" actuelle de l'offre médicale "empêche une forme de concurrence sur le niveau des honoraires", analyse l'UFC.
A l'inverse, pointe l'UFC-Que Choisir, dans chacune des spécialités étudiées, la présence d'un médecin en secteur 1 dans les environs est corrélée à une baisse des tarifs pratiqués par les confrères en secteur 2. "Une hausse d’un point de la densité de gynécologues secteur 1 est corrélée à une baisse des honoraires de 32 % au sein du secteur 2 dans la même commune", relève l'étude. La baisse est de 16% pour les ophtalmologues et de 18% pour les pédiatres. S'appuyant sur ses résultats, et sur ceux de sa précédente étude sur l'accès aux soins, l'association de consommateurs réitère son appel à la mise en place d'un conventionnement territorial des médecins "ne leur permettant plus de s’installer en zones surdotées, à l’exception du secteur 1 quand la situation l’exige (remplacement d’un médecin partant à la retraite ou zone très largement sous-dotée en médecins en secteur 1)". En parallèle, l'UFC demande la fermeture du secteur 2 à honoraires libres, qu'elle juge "à l'origine du développement incontrôlé des dépassements d'honoraires". "Les nouveaux médecins ne devraient avoir le choix" qu’entre le secteur 1 et l'Optam. Enfin, elle suggère de supprimer les "aides publiques" aux médecins à honoraires libres.
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