"Le remède serait pire que le mal" : Rousseau "énervé" par la campagne de l'UFC-Que choisir contre la liberté d'installation des médecins

24/11/2023 Par Aveline Marques
Dans une interview accordée à Libération, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau récuse toute "inaction" du Gouvernement face aux difficultés d'accès aux soins, jugeant que la régulation à l'installation des médecins n'est pas la solution. Ni d'ailleurs, l'installation de cabines de téléconsultation dans les gares. "Une consultation, ce n'est pas un photomaton."
 

"Qu’on nous accuse d’inaction m’énerve. Laisser planer cette idée que, pour les politiques, la vie des gens serait un décor dans lequel on se balade, est insupportable. Je ne suis pas déconnecté", se défend Aurélien Rousseau dans une interview accordée à Libération. Le ministre de la Santé réagissait au recours en Conseil d'Etat déposé par l'association UFC-Que choisir qui, dénonçant la dégradation de l'accès aux soins, réclame la régulation de l'installation des médecins. "On n’est effectivement pas d’accord pour contraindre un médecin, généraliste ou spécialiste, à s’installer quelque part. Parce que l’on est convaincu que le remède serait pire que le mal : si on les obligeait à aller où ils ne veulent pas aller, beaucoup de médecins préféreraient changer de métier !", répond le ministre, soulignant que l'enjeu actuel est de "donner envie d'exercer" les métiers du soin. "Regardons la situation en face : aujourd’hui, on a des places libres dans les facs de pharmacie et 14 % de postes vacants chez les chefs de clinique assistants, passerelle pour accéder au statut de praticien hospitalier", signale-t-il. De même, le ministre ne "pense pas que la téléconsultation soit la réponse universelle à l'accès aux soins". Aurélien Rousseau regrette que la SNCF ait annoncé l'installation d'espaces de télémédecine dans près de 300 gares sans lui en avoir parler "avant". "Je n'ai pas encore d'avis arrêté", dit-il. Mais "l’expérience montre que les cabines de téléconsultation isolées, non inscrites dans un parcours de soins, ça marche très moyennement". "Il ne faut pas mélanger soin et consommation : une consultation, ce n’est pas un photomaton", réaffirme-t-il. Notant toutefois que "s’il y a une infirmière présente pour accompagner les patients, cela peut répondre à une demande".

Interrogé sur les négociations conventionnelles en cours entre la Cnam et les syndicats de médecins libéraux, le locataire de l'avenue de Ségur souligne une nouvelle fois que "porter la consultation à 30 euros, c’est aujourd’hui le point de convergence des demandes des syndicats". Avant d'ajouter : "Encore faut-il savoir à quel rythme". Si la question du "pouvoir d'achat" des médecins, qui ont vu augmenter leurs charges, "n'est ni méprisable, ni secondaire", les dépenses de soins de ville progressent à toute vitesse, relève le ministre. "Donc le point d’arrivée sur le tarif dépendra des engagements concrets que prendront les médecins", notamment sur la pertinence des soins. [avec Libération.fr]

11 commentaires
5 débatteurs en ligne5 en ligne
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292 points
Débatteur Renommé
Médecins (CNOM)
il y a 1 an
Si le gouvernement pouvait honnêtement dire "les dépenses augmentent trop vite, nos soignants sont sous payés, il faut donc majorer le reste à charge pour les patients". Problème réglé. 5€ de franchis
Photo de profil de Alain Puig
364 points
Débatteur Renommé
Médecine générale
il y a 1 an
"porter la consultation à 30 euros, c’est aujourd’hui le point de convergence des demandes des syndicats". Avant d'ajouter : "Encore faut-il savoir à quel rythme" ON CROIT REVER A quel rythme ?
Photo de profil de Fabien Bray
5,8 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 1 an
"Encore faut-il savoir à quel rythme" C'est une blague de très mauvais goût, et ça ne donne non pas envie de négocier mais de claquer la porte. 30€ c'est un juste rattrapage des choses, le minimum
 
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