"Le remède serait pire que le mal" : Rousseau "énervé" par la campagne de l'UFC-Que choisir contre la liberté d'installation des médecins
"Qu’on nous accuse d’inaction m’énerve. Laisser planer cette idée que, pour les politiques, la vie des gens serait un décor dans lequel on se balade, est insupportable. Je ne suis pas déconnecté", se défend Aurélien Rousseau dans une interview accordée à Libération. Le ministre de la Santé réagissait au recours en Conseil d'Etat déposé par l'association UFC-Que choisir qui, dénonçant la dégradation de l'accès aux soins, réclame la régulation de l'installation des médecins. "On n’est effectivement pas d’accord pour contraindre un médecin, généraliste ou spécialiste, à s’installer quelque part. Parce que l’on est convaincu que le remède serait pire que le mal : si on les obligeait à aller où ils ne veulent pas aller, beaucoup de médecins préféreraient changer de métier !", répond le ministre, soulignant que l'enjeu actuel est de "donner envie d'exercer" les métiers du soin. "Regardons la situation en face : aujourd’hui, on a des places libres dans les facs de pharmacie et 14 % de postes vacants chez les chefs de clinique assistants, passerelle pour accéder au statut de praticien hospitalier", signale-t-il. De même, le ministre ne "pense pas que la téléconsultation soit la réponse universelle à l'accès aux soins". Aurélien Rousseau regrette que la SNCF ait annoncé l'installation d'espaces de télémédecine dans près de 300 gares sans lui en avoir parler "avant". "Je n'ai pas encore d'avis arrêté", dit-il. Mais "l’expérience montre que les cabines de téléconsultation isolées, non inscrites dans un parcours de soins, ça marche très moyennement". "Il ne faut pas mélanger soin et consommation : une consultation, ce n’est pas un photomaton", réaffirme-t-il. Notant toutefois que "s’il y a une infirmière présente pour accompagner les patients, cela peut répondre à une demande".
Interrogé sur les négociations conventionnelles en cours entre la Cnam et les syndicats de médecins libéraux, le locataire de l'avenue de Ségur souligne une nouvelle fois que "porter la consultation à 30 euros, c’est aujourd’hui le point de convergence des demandes des syndicats". Avant d'ajouter : "Encore faut-il savoir à quel rythme". Si la question du "pouvoir d'achat" des médecins, qui ont vu augmenter leurs charges, "n'est ni méprisable, ni secondaire", les dépenses de soins de ville progressent à toute vitesse, relève le ministre. "Donc le point d’arrivée sur le tarif dépendra des engagements concrets que prendront les médecins", notamment sur la pertinence des soins. [avec Libération.fr]
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