Santé de l'enfant : la pédiatrie libérale oubliée par le Gouvernement ?
Les annonces faites par le Gouvernement à la veille des Assises de la pédiatrie et de la santé de l'enfant sont loin d'être à la hauteur de la crise que traverse le secteur, déplore le Syndicat national des pédiatres français. Et pour cause : la ville est "quasi-absente" du plan de l'exécutif.
"Rien sur la place du pédiatre libéral ni sur le parcours de soins de l’enfant en ambulatoire." Dix jours après les Assises de la pédiatrie, à l'occasion desquelles a été adoptée une feuille de route pluriannuelle pour la santé des enfants, le Syndicat national des pédiatres français (SNPF) se montre on ne peut plus pessimiste quant à l'avenir du secteur. Dans un communiqué diffusé ce mardi 4 juin, l'organisation regrette que la pédiatrie libérale soit "quasi-absente" du plan dévoilé par le Gouvernement le 23 mai.
Parmi les mesures phares de ce plan, le Gouvernement a promis d'accroître de 50% le nombre de places en formation en médecine pédiatrique d'ici à 2030 pour atteindre 600 places par an, une mesure réclamée de longue date par le SNPF. "Mais sans réelle annonce sur la formation des médecins généralistes, il faudrait dès maintenant envisager de doubler voire tripler le nombre de pédiatres en formation", analyse le syndicat.
"Une fois formés, ces pédiatres resteront-ils à l’hôpital ?", interroge-t-il encore, soulignant que "les pédiatres des hôpitaux généraux en ont eux aussi cruellement besoin". "Mettre l’accent uniquement sur les surspécialistes pédiatres se fera aux dépens de la pédiatrie générale pourtant indispensable en ville et dans les hôpitaux généraux", alerte ainsi le syndicat, présidé par la Dre Brigitte Virey.
Le syndicat se montre également sceptique quant à l'ouverture de l'accès direct aux orthophonistes, compte tenu des délais d’obtention de rendez-vous pour un enfant "déjà vu et diagnostiqué par un pédiatre" : "6 à 12 mois de délai soit la perte d’une année scolaire". "Il est légitime de se poser la question sur les nouveaux délais engendrés par l’accès direct", écrit-il dans son communiqué, dans lequel il se réjouit toutefois de la réapparition de l'examen obligatoire à 6 ans.
Une nouvelle convention décevante
Si les annonces du Gouvernement dans le cadre des assises sont loin d'être à la hauteur de la crise, pour le SNPF, le syndicat ne cache pas également sa déception face à la nouvelle convention médicale – signée par cinq des six syndicats représentatifs des médecins libéraux. Elle n'apporte "aucune valorisation pour les enfants de plus de 2 ans", déplore le Syndicat national des pédiatres français. "Ce défaut d’attractivité va de pair avec le manque de reconnaissance du rôle du pédiatre libéral qui reste invisible pour nos tutelles."
La nouvelle convention intègre pourtant des bonifications : la consultation CEH des enfants de 0 à moins de 2 ans passe à 39 euros puis 40 euros au 1er juillet 2025 (contre 38,5 euros aujourd’hui) ; la consultation CEK des enfants de 2 ans à moins de 6 ans à 35 euros (contre 33,50 euros aujourd’hui) ; la consultation CEG pour les 6 ans et plus à 31,50 euros (contre 29,50 euros actuellement). Trop peu pour la Dre Brigitte Virey, qui signale à Egora que "la majoration de coordination spécialiste (MCS) a été enlevée". Les trois consultations (CEK, CEG et CEH) ne peuvent en effet se cumuler avec la MCS, indique le texte conventionnel.
"Ces assises et la nouvelle convention seront-elles à l’origine de la mort de la pédiatrie libérale ?", questionne le SNPF, tirant la sonnette d'alarme : "les enfants n’auront plus la chance d’avoir accès au médecin le plus apte et le plus compétent pour leur santé."
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