"On a pendant longtemps dévalorisé les études et la place du médecin généraliste. On a survalorisé la médecine de spécialité. A une époque, celui qui faisait médecine générale, c'était un peu celui qui ne pouvait pas être chirurgien orthopédique, viscéral, ou je ne sais quelle spécialité. Et c'est malheureux, parce que le généraliste, c'est lui qui a la vue 360 [degrés] sur le patient", a défendu le ministre délégué à la Santé, ce vendredi 15 mars, sur le plateau des Grandes Gueules de RMC.
Au lendemain d'une quatrième séance plénière de négociations conventionnelles au cours de laquelle la Cnam a formulé de nouvelles propositions aux syndicats de médecins libéraux, Frédéric Valletoux faisait face au Dr Jérôme Marty, inquiet : "Il y a eu des avancées, mais le compte n'y est pas." Le président de l'UFML l'a pourtant martelé : "La médecine libérale, elle seule, peut sauver les urgences et l'hôpital", mais "on [l']a ignorée depuis des années", a-t-il regretté, réclamant un choc d'attractivité.
L'ancien président de la FHF a acquiescé : "Il faut qu'on conforte le rôle du généraliste, c'est majeur. Je n'ai jamais changé de discours là-dessus." Le conforter, et "le financer, bien sûr", a ajouté le ministre, reconnaissant qu'il y a "de moins en moins" d'omnipraticiens sur le terrain. "Je comprends qu'on veuille augmenter [le tarif de la] consultation qui n'a pas bougé depuis des années", a-t-il estimé. Et d'ajouter : "Enfin vous savez, le revenu moyen d'un généraliste est autour de 80 000 euros avant impôts, ce n'est pas négligeable..."
On a pendant longtemps dévalorisé le rôle du médecin généraliste.
C’est malheureux. C’est le médecin généraliste qui a la vue 360 sur le patient.
Il est nécessaire de remettre le généraliste au cœur du système.@GG_RMC @AlainMarschall @Olivier_Truchot @Drmartyufml pic.twitter.com/NJMJhafzcK— Frédéric Valletoux (@fredvalletoux) March 15, 2024
"Je ne dis pas que ce n'est pas dû. Bien sûr que c'est dû", a-t-il complété, face à un Dr Marty agacé. "Je suis pour qu'on augmente le tarif de la consultation si, en face, et c'est l'objet de la discussion, chacun fait sa part d'effort." L'Assurance maladie a en effet formulé une liste d'engagements collectifs auxquels les médecins devraient se plier si le projet d'accord final venait à être signé par les syndicats. "On nous demande des choses inatteignables", a fustigé Jérôme Marty, citant, par exemple, l'objectif de diminuer la consommation d’antibiotiques de 10% dès 2025.
"On nous dit 'si vous atteignez ces indicateurs, une part des économies engendrées vous reviendra'. Mais on nous dit 'la première année si l'objectif est atteint, ce sera 70% pour l'Assurance maladie et 30% pour vous, la deuxième année 80% pour l'Assurance maladie, 20% pour vous, la troisième année, 90%-10%'", a dénoncé le syndicaliste, selon qui la Cnam se taille la part du lion. Et de poursuivre : "Et on n'a pas parlé de l'acte de base !"
Lors de la précédente séance plénière, le 8 février – date, d'ailleurs, de la nomination de Frédéric Valletoux à la Santé – la Cnam avait proposé une hausse du G à hauteur de 30 euros, sans préciser le calendrier d'application, qui demeure à ce jour inconnu. Un "maigre rattrapage" de l'inflation, a commenté Jérôme Marty. "Passer de 25 à 30 euros, c'est une belle augmentation", a pour sa part jugé Frédéric Valletoux, qui a précisé que le tarif actuel de la consultation est "plutôt vers 34-35 euros" grâce aux "financements au forfait". Ce qui n'a pas manqué de susciter l'indignation du médecin-chroniqueur.
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