Un département part draguer les étudiants français en Roumanie

07/01/2020 Par Sandy Bonin
Démographie médicale
En mal de médecins français, de plus en plus de départements recrutent des praticiens étrangers. Mais des difficultés de langue ou d'acclimatation culturelle posent souvent problème. L'Indre a trouvé la solution. Draguer les futurs médecins français qui réalisent leur cursus en Roumanie, faute de place dans les universités de l'hexagone. Christophe Dupas, directeur de l'Agence de l'attractivité de l'Indre explique à Egora son projet. 

Egora.fr : En quoi va consister ce projet ? 

 Christophe Dupas : Nous sommes un département qui est en tension sur le sujet de la santé. Nous manquons de professionnels de santé. Nous avons une action multi modale portée par l'agence d'attractivité à destination des externes, des internes, des médecins remplaçants…  

Au-delà de ça, en faisant une analyse du contexte européen en matière de formation, notre regard s'est porté sur l'université de Cluj en Roumanie. Il y a 7.000 étudiants à Cluj dont 2.500 étrangers qui sont répartis à égalité entre les filières francophones et anglophones. Nous accueillons bien des praticiens étrangers sur notre territoire. L'idée est de capitaliser sur des Français qui réalisent leur cursus en Roumanie.  

Comment allez-vous procéder ? 

Nous partons en début d'année à 4 personnes, avec un représentant du conseil départemental, deux médecins et moi-même. Nous allons présenter notre territoire et les opportunités d'exercer la médecine dans l'Indre. Nous y allons en toute humilité pour adapter un bouquet de service, au-delà de toutes les aides financières que tous les territoires proposent. Nous voulons leur vendre un projet médical dans lequel nous proposerons un tutorat par un médecin sénior. Nous proposerons aussi des bourses d'études pendant leur temps effectif de scolarité en Roumanie avec la contrepartie de s'installer dans l'Indre.  

Pour présenter notre projet, nous avons prévu de passer de manière officielle par le doyen de la fac de Cluj mais aussi en parallèle par la corporation des étudiants francophones en Roumanie...

Finalement vous proposez un contrat d'engagement de service public (CESP) qui existe déjà… 

Oui c'est classique, mais nous allons au-delà en proposant des services. Nous voulons recenser leurs besoins pour adapter notre bouquet de service. Nous voulons aussi préparer leur retour en les encadrant par un médecin sénior. Nous avons travaillé avec des maîtres de stage. L'idée est qu'ils soient accompagnés par un médecin référent.  

Combien de futurs médecins aimeriez-vous attirer ? 

Nous sommes en train de recenser les besoins. Nous savons que si nous avions une vingtaine de médecins généralistes en plus nous serions bien. Nous n'allons pas tous les ramener de Roumanie, il ne faut pas rêver. Nous allons leur dire qu'ils pourront effectuer l'intégralité de leur troisième cycle dans l'Indre bien que nous n'ayons pas d'Université de médecine. Nous avons des cours décentralisés de la fac de médecine de Tours. Nous voulons aussi leur faire passer le message qu'ils ne sont pas des médecins de catégorie B.  

Justement, ne craignez-vous pas un niveau de formation moins élevé qu'en France ?  

Le diplôme est européen. Nous souhaitons tout de même les inscrire dans un projet médical encadré par un médecin sénior pour les mettre à niveau si besoin. 80% des étudiants qui poursuivent leurs études en Roumanie ont eu une mention bien ou très bien au bac. Il s'agit d'étudiants qui ont la tête bien faite ! Nous mettrons également en condition que les étudiants réalisent leur internat en France pour avoir la vision opérationnelle française.  

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Stéphanie Beaujouan

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