"Faire mourir un patient en pleine conscience reste un homicide" : généraliste, il livre son expérience de la fin de vie
“Je ferai tout pour soulager vos souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément”. Ces mots, provenant du serment d’Hippocrate, le Dr Jean-Jacques Erbstein, généraliste à Créhange (Moselle), aimerait les voir gravés "en lettres d’or” dans les cabinets médicaux. Il souhaiterait que chaque médecin puisse “les relire régulièrement” car “ces principes sont la sève de notre métier”, écrit-il dès le premier chapitre de son livre.
Âgé de 58 ans, le généraliste a un avis tranché sur la fin de vie, “aider à mourir ? Certains le feront. Je ne serai jamais d’entre eux”. Dans son ouvrage, il relate plusieurs histoires où il a touché du doigt la mort ; celle d’un confrère, de son père et celle de patients.
Lorsque Martine, une patiente, une amie qu’il connaissait “sans doute trop bien”, condamnée par un cancer, qu’il surnomme un “crabe”, le questionne sur sa fin prochaine, le médecin ne sait quoi répondre. “Qui devrait s’exprimer ? L’homme ? Le médecin ? Le vieux pote ?” Après lui avoir tant “menti”, lui assénant des “tant qu’il y a de vie, il y a de l’espoir”, il parvient à être “sincère”. Dans un dernier échange, Martine le supplie de “faire le nécessaire” pour qu’elle puisse rentrer chez elle. La patiente ne voulait pas mourir “dans cette chambre [d’hôpital] si triste et glauque”. Malheureusement, le “crabe” a été trop rapide...
La suite de l'extrait en page 2
Si le généraliste a vu la mort de près chez ses patients et ses proches, le Dr Jean-Jacques Erbstein se questionne aussi sur sa propre fin de vie, atteint lui-aussi d’un “crabe”. Il n’imagine pas se rendre à l’étranger pour “provoquer” sa mort et encore moins imposer ce geste définitif à un de ses confrères.
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