C’est une interview accordée au journal La Marseillaise par le Dr Damien Barraud qui a tout déclenché. Médecin réanimateur, exerçant dans une unité Covid au CHR de Metz-Thionville, ce dernier a dénoncé la “médecine spectacle” pratiquée par le Pr Raoult.
“C'est de la médecine spectacle, ce n'est pas de la science”, affirme-t-il notamment. Sur l’emballement autour du Pr Raoult, le Dr Barraud analyse un mode de communication efficace “adopté par le professeur Raoult, qui a su utiliser Youtube et les réseaux sociaux pour rapidement se poser en sauveur de la nation, avec une solution miracle, dans une période de grand stress dans la population”. Et attaque la “faiblesse des preuves scientifiques” fournies par l’équipe du Pr Raoult, qui aurait dû “clore le débat immédiatement”.
“Si cela ne s’est pas passé ainsi, c’est, me semble-t-il, lié à une défaillance chronique du système hospitalo-universitaire français, qu'une telle crise sans précédent a révélé au grand jour (...) Le décret gouvernemental concernant la prescription de l'hydroxychloroquine est le témoin de cette prise d‘otage. Dans un fonctionnement normal, la communauté scientifique aurait dû s’élever et mettre fin à tout cela”, s’agace-t-il. “Concernant la publication de sa première étude sur son traitement contre la Covid-19, il n'y a probablement pas eu de reviewing, l'éditeur en chef de ce journal étant le bras droit de Raoult”, pointe-t-il encore.
Invité de la matinale de RMC, lundi 13 avril, le médecin n’a pas non plus mâché ses mots et a estimé que la situation générale était la conséquence d’un “populisme médical”. “Je ne vois pas de meilleure description de ce qu'il s'est passé. Prendre tout le monde en otage et vouloir passer pour...
le sauveur avec le médicament miracle qui va sauver le monde, en s'asseyant sur toutes les règles méthodologiques et éthiques oui, c'est du populisme médical”, a-t-il confié.
Des propos cashs qui lui ont valu de s’attirer les foudres de l’IHU Méditéranée. L’établissement a publié, suite à ces propos, un communiqué de presse à la fois sarcastique et menaçant de le poursuivre en justice. Dans son texte, l’IHU fait également le rapprochement entre les propos tenus par le Dr Barraud et ceux tenus de manière anonyme par le compte twitter “fluidloading”. “Nous espérons que, si le Dr Damien Barraud n’est pas l’auteur des attaques portées par le compte @fluidloading, il s’en désolidarisera rapidement. Elles pourraient, en effet, justifier une plainte pénale et le lancement d’une procédure auprès de l’Ordre des médecins”, écrivent-ils. L’ensemble du communiqué est à lire dans le tweet ci-dessous.
Communiqué. pic.twitter.com/Um5JlXySFX
— IHU Méditerranée Infection (@IHU_Marseille) April 14, 2020
C’est ainsi que le collectif Fakemed a décidé de voler au secours du Dr Barraud. Dans un contre-communiqué, publié également sur Twitter, Fakemed affirme que “la science n’avance pas avec des intimidations”. Le collectif soutient également les propos tenus par le réanimateur quant au “manque de rigueur des essais cliniques conduits par l’IHU”. “Ce genre de pressions est inadmissible, d’autant plus quand elles proviennent d’un institut hospitalo-universitaire. En effet, nous sommes en droit d’attendre des publications d’études cliniques rigoureuses de la part d’un tel centre de recherche, et qu’il focalise son attention sur les travaux en cours, plutôt que de se livrer à du chantage afin de pousser des professionnels de santé ou de la recherche à se taire.” L’ensemble de leur communiqué est à lire dans le tweet ci-dessous.
Communiqué du 15 avril 2020
— FakeMed (@fakemedecine) April 15, 2020
La science n'avance pas avec des intimidations pic.twitter.com/OXpG9OUTt9
[avec La Marseillaise et RMC]
La sélection de la rédaction