Vers la suppression de la mention "homéopathie" sur les plaques des médecins ?
Pris à partie par les signataires de la tribune anti "fake med" et saisi de plaintes des défenseurs de l'homéopathie, l'Ordre des médecins a tenu à préciser sa position déontologique sur les médecines alternatives et complémentaires. Et annoncé une révision de la liste des mentions que peuvent afficher les médecins sur leur plaque.
"En 2018, l'Ordre des Médecins tolère des pratiques en désaccord avec son propre Code de déontologie", écrivaient en mars les signataires de la tribune anti médecine alternatives. Dès le 22 mars, l'instance nationale réagissait par communiqué et indiquait qu'il ne lui appartenait pas de se prononcer sur les aspects scientifiques du débat, renvoyant la balle dans le camp de l'Académie de médecine et du ministère de la Santé. "Ce que nous avons demandé est en route", a constaté le président du Cnom ce mardi : réaffirmant sa position de 2004, l'Académie a annoncé la mise en place d'un nouveau groupe de travail; quant à Agnès Buzyn, elle a exprimé sa volonté de saisir la Haute Autorité de Santé. Et maintenant ? Le Cnom a tenu à publier une nouvelle "mise au point" sur le plan déontologique. L'instance rappelle qu'un traitement ne peut "en aucun cas être alternatif aux données acquises de la science et à l'état de l'art", mais peut en revanche "comporter une prescription adjuvante ou complémentaire", comme de l'homéopathie, "après avoir délivré au patient une information loyale, claire et appropriée". Le code de déontologie interdit néanmoins "de présenter comme salutaires et sans danger des prises en charge ou des thérapeutiques non éprouvées" ou d'en faire la publicité. C'est seulement dans ce cadre déontologique que les instances ordinales peuvent intervenir contre les médecins contrevenants et l'Ordre a "agi de façon permanente et constante" sur le sujet bien avant la parution de la tribune, a défendu le Dr Bouet. De même, l'Ordre ne délivre pas les diplômes mais se borne à évaluer "les droits aux titres" pour 4 médecines complémentaires (homéopathie, acupuncture, ostéopathie et mésothérapie), a ajouté le Président, appelant l'Université et l'Agence du DPC à "faire le ménage" dans les formations. La mention d'homéopathie est attribuée depuis 1974. Mais si les autorités sanitaires retirent leur blanc-seing, l'Ordre "en tirera les conclusions", a assuré le Dr Bouet. D'autres mentions ne correspondant plus "à la réalité de l'exercice" ou qui "n'auraient pas fait la preuve de leur efficacité" pourraient également faire les frais d'une vaste révision de la liste tenue par l'Ordre, a annoncé le Dr Jacques Lucas. D'autres, en revanche, pourraient être autorisées dans le but d'apporter une information éclairée aux patients. Quant aux plaintes déposées contre certains signataires de la tribune pour "atteinte à la confraternité", la procédure s'annonce très longue.
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