"Trois couches par jour" : le DG d’Orpea convoqué par le Gouvernement pour répondre des accusations de maltraitance
Les réactions se multiplient après les révélations du journaliste Victor Castanet sur les actes de maltraitance et la course à la rentabilité du leader mondial des maisons de retraite, Orpea. Des révélations "révoltantes", d'après le porte-parole du Gouvernement, Gabriel Attal, qui a annoncé que le directeur général du groupe était convoqué par la ministre déléguée chargée de l'Autononomie des personnes âgées. Le livre sort aujourd'hui mais la publication de quelques bonnes feuilles dans Le Monde lundi soir a suffi pour déclencher une tempête. Dans Fossoyeurs (Ed. Fayard), le journaliste indépendant Victor Castanet décrit au sein du groupe Orpea un système où les soins d'hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont "rationnés" pour améliorer la rentabilité. "J'ai obtenu des témoignages selon lesquels ces dysfonctionnements trouvaient leur origine dans une politique de réduction des coûts mise en place à un haut niveau" de l'entreprise, a résumé l'auteur auprès de l'AFP. Le Monde publie ainsi le témoignage d'une ancienne aide-soignante, qui a exercé durant un an aux Bords de Seine, un Ehpad situé à Neuilly où les chambres d'entrée de gamme sont facturées 6500 euros par mois, et jusqu'à 12 000 euros pour la plus grande. "Je ne vous dis pas à quel point il fallait se battre pour obtenir des protections pour nos résidents. Nous étions rationnés : c’était trois couches par jour maximum. Et pas une de plus. Peu importe que le résident soit malade, qu’il ait une gastro, qu’il y ait une épidémie. Personne ne voulait rien savoir." L'auteur relate également les dernières semaines de la femme de lettres Françoise Dorin, décédée en 2018 au sein de ce même établissement d'une septicémie due à une escarre tardivement prise en charge. Le livre évoque par ailleurs le lien privilégié qui aurait subsisté entre le fondateur du groupe, le Dr Jean-Claude Marian (désormais président d'honneur), et l'ancien ministre de la Santé Xavier Bertrand, qui aurait permis d'obtenir des autorisations et des financements pour l'ouverture de plusieurs établissements.
La publication de ces bonnes feuilles a suffi pour faire dévisser l'action du groupe en bourse : plus de 30% de baisse en deux jours. "Les révélations faites dans ce livre sont absolument révoltantes, vous avez le ventre noué en lisant des choses pareilles, et si ces faits sont avérés, ils devront évidemment être sanctionnés avec la plus grande sévérité", a réagi le porte-parole du Gouvernement, Gabriel Attal, ce mercredi, indiquant que la ministre déléguée chargée de l'Autonomie des personnes âgées rencontrerait le directeur général du groupe Orpea, Jean-Claude Romersi, à la demande d'Olivier Véran. De son côté, Orpea a "contesté formellement" ces accusations, qu'elle juge "mensongères, outrageantes et préjudiciables". "Nous ne rationnons pas, cela ne correspond pas à nos directives, cela ne correspond pas à nos valeurs", a déclaré mardi soir sur BFM TV Jean-Christophe
Romersi. "Nous ne sacrifierons jamais la qualité de l'accompagnement, la qualité des soins à quelque notion de rentabilité que ce soit", a-t-il ajouté. [avec LeMonde.fr et AFP]
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