Présidant deux associations de formation, le Dr Meyer Sabbah avait pris pour habitude d'organiser des sessions de DPC dans des palaces de la Côte d'Azur… au frais du contribuable. L'Agence nationale du DPC, qui refuse de payer la note, vient de porter plainte.
En septembre dernier, le Don César, hôtel cinq étoiles de Porto-Vecchio, accueillait un colloque "médical" organisé par l'association Ampliform. Entre deux nuits dans des chambres confortables facturées entre 490 et 1200 euros, les médecins participants ont pu se former… à la "défiscalisation". C'est le genre de sessions de formation que le Dr Meyer Sabbah, présidant deux associations de formation à but non lucratif (Ampliform et Formalliance), avait coutume de facturer à l'Agence nationale du DPC (ANDPC) au titre de la formation des médecins, révèle Le Canard Enchainé. En 2018, pas moins de 31 séances de formation, à 95 euros de l'heure, ont ainsi été facturées à l'organisme public. Soit 30 à 40 000 euros par session, utilisés en partie pour régler les notes des palaces de la Côte d'Azur dans lesquelles elles se tenaient. Mais ça, c'était avant. Gérant une enveloppe restreinte de 180 millions d'euros servant au financement de la formation continue de 10 professions de santé, l'ANDPC a décidé de faire le ménage. "Nous sommes chargés de payer les intervenants et la conception de la formation, pas de régler les notes d'hôtels ou les frais de transport", souligne Michèle Lenoir-Salfati, présidente de l'organisme. Au début du mois, l'ANDPC a porté plainte contre le Dr Sabbah et ses associations et a saisi la répression des fraudes. Depuis l'an dernier, le médecin, basé sur la Côte d'Azur, fait par ailleurs l'objet d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Grasse, suite à un signalement de Tracfin, la cellule de Bercy chargée de traquer les mouvements de capitaux suspects. Dans la ligne de mire des enquêteurs, une cagnotte de 4 millions d'euros amassée fin 2016 par le Dr Sabbah et ses proches. Mis en cause, le médecin dément toute irrégularité dans l'organisation des formations. "Il y a de l'argent prévu pour ça par l'Etat ! On travaille où l'on a envie, ce n'est pas illégal !", se défend-il, estimant faire l'objet d'un règlement de comptes. [avec Le Canard Enchaîné]
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