Au moins un quart des services d’urgences au bord de la rupture, alerte l’Amuf
Le constat est sans appel : "au moins 25% des services d’urgences en France sont, aujourd’hui, au bord de la rupture", déplore le Dr Emmanuelle Seris, porte-parole de l’Amuf, dans un entretien accordé à La Montagne. Au bord de l’implosion avant l’épidémie de Covid-19, les urgences ont connu en 2019 un vaste mouvement de grève, initié par les personnels à bout de souffle. "Après la pandémie, on se rend compte que les décisions n’ont pas été à la hauteur de ce qui était nécessaire pour combler à la fois les carences en lits et le nombre de soignants insuffisant", juge le Dr Seris. Nombre de services sont actuellement en grève ou en situation de rupture faute de personnels ou de capacités de soigner leurs patients dans des conditions optimales. C’est le cas notamment à Orléans où les médecins ont entamé un mouvement de grève le 8 avril pour dénoncer les dysfonctionnements qui ont poussé la quasi-totalité du personnel infirmier du service des urgences adultes du CHR à se mettre en arrêt. Partout en France, de nombreux soignants, éprouvés par deux ans de lutte contre le Covid-19, sont en arrêt pour burn-out.
Pour la porte-parole de l’Amuf, "nous sommes arrivés au point de rupture", après un été marqué par des fermetures massives de services. La faute à la faiblesse des politiques publiques menées ces dernières années, estime-t-elle. Face à l’afflux de patients, la praticienne déplore qu’il n’y ait pas eu d’effectifs supplémentaires ni d’ouvertures de lits. "Voici le résultat de 20 ans de politiques visant à créer un système de santé libéral avec, son corollaire, une remise en cause des valeurs d’entraide, de sécurité sociale, d’accès aux soins pour tous et gratuit. On s’oriente vers le système du Royaume-Uni. Une catastrophe sanitaire." La porte-parole de l’association avance que "80.000 lits" ont été supprimés en vingt ans. "Une des conséquences de ces suppressions réside dans la durée de séjours aux urgences. Il y a désormais des secteurs d’hospitalisation aux urgences en raison du manque de lits d’aval…" Le Dr Seris appelle ainsi à redonner de l’attractivité aux urgences en revalorisation le salaire des paramédicaux, les gardes de nuit et les week-ends pour les médecins, et à rouvrir des lits. Autre souhait : "rendre la parole aux professionnels de terrain". [avec lamontagne.fr]
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