"Le meilleur médecin en Corse, c'est l’avion" : un CHU ouvrira-t-il ses portes sur l'île ?
La proposition de loi du député Paul André Colombani, pour la création d’un centre hospitalier universitaire en Corse, a été adoptée à l’unanimité par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, mercredi 5 juin.
La Corse pourrait bientôt être dotée d’un CHU. La commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité, mercredi 5 juin, la proposition de loi pour la création d’un CHU sur l’île. Elle avait été déposée le 7 mars 2023 par Paul André Colombani, député du groupe LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires).
Les médecins et élus locaux corses réclament depuis plusieurs années l’ouverture d’un CHU sur l’île de beauté. "Les premières ordonnances qui ont créé les CHU datent de 1948 et si ma proposition de loi arrive aujourd’hui c’est que depuis 1948 et malgré tous les appels, il ne s’est rien passé pour la Corse”, a déclaré Paul André Colombani, également rapporteur de la loi. La Corse est la "seule" région à ne pas avoir de CHU.
Cette revendication portée depuis plusieurs années par les élus insulaires doit aider à améliorer "l’accès aux soins pour la majorité des services de médecine et de spécialités", peut-on lire dans la proposition de loi. La Corse dispose "de seulement 18 lits de réanimation pour 100 000 habitants, ce qui en fait la région de métropole la moins dotée en lits de réanimation", détaille la proposition de loi.
Par manque de médecins sur l’île, les Corses se déplacent jusqu’à Marseille ou Nice pour se faire soigner. "Le meilleur médecin en Corse est l’avion", a lancé le député lors de l’examen du texte.
Renforcer l'attractivité de l'île
L’ouverture d’un CHU en Corse permettrait aussi d’améliorer l’attractivité de l’île pour les personnels de santé. "Il y a une diaspora médicale corse qui ne peut pas rentrer en Corse [après leur formation, NDLR] car ils ne peuvent pas y pratiquer leur métier normalement", regrette Paul André Colombani. Cela est davantage le cas pour les spécialistes : "70% des médecins généralistes reviennent", précise le député.
Une réalité qui accentue "les carences récurrentes du système de santé régional en matière d’offre et d’équipements hospitaliers" que l’Assemblée de Corse dénonce depuis des années, souligne la proposition de loi.
En novembre dernier, Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur, a par ailleurs, annoncé l’arrivée d’un premier cycle complet d’études de médecine à Corte à l’horizon 2027. Une initiative saluée par Paul André Colombani : "Cela va aider au retour des jeunes étudiants corses".
L’absence d’un CHU dans la région ainsi que de certaines spécialités retombe sur les épaules des médecins généralistes. Les motifs de consultation "de plus en plus nombreux lors d’une même consultation" sont dénoncés dans un rapport des Médecins libéraux de Corse. Ces derniers se substituent aux spécialistes en prenant en charge des pathologies hors de leur champ d’expertise et "relevant du secteur hospitalier".
Si l’engouement de la commission des affaires sociales est confirmé le 13 juin, lors du vote en séance plénière à l’Assemblée nationale, le CHU de Corse devrait voir le jour d’ici 2030.
La sélection de la rédaction
Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?
M A G
Non
Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus