"Trop vieille pour que ça vaille la peine de me soigner" : la résistante Madeleine Riffaud raconte ses 24 heures passées sur un brancard
Dimanche 4 septembre, Madeleine Riffaud, résistante et ancienne journaliste et correspondante de guerre, a été transportée à l'hôpital Lariboisière (AP-HP) pour passer plusieurs examens en urgence, après un Covid long. Arrivée à midi, la patiente, âgée de 98 ans, raconte dans La Croix qu'elle est "restée vingt-quatre heures sur le même brancard, sans rien manger". "J'ai vraiment cru que je devenais folle" “Je me suis retrouvée couchée au milieu de malades qui hurlaient de douleur, de rage, d’abandon. Et les infirmières couraient là-dedans, débordées… Elles distribuaient des “j’arrive !” et des “ça marche !”. “J’arrive, j’arrive !” Mais personne n’arrivait. Jamais”, témoigne-t-elle. Aveugle, Madeleine Riffaud sent finalement le brancard se déplacer. “Et puis, on m’a laissée là, sans aucune affaire, sans moyen de communication avec mes proches. Étais-je dans un couloir ? Dans une salle commune ? Au bout d’un moment, j’ai vraiment cru que je devenais folle”, confie la patiente, qui s'estime pénalisée par son âge. “On pensait que j’étais trop vieille pour que ça vaille la peine de me soigner. Dès que je parlais, on se disait que j’étais gâteuse et on pensait d’emblée que je racontais n’importe quoi… alors pas la peine de m’écouter”, se désole-t-elle. Le lendemain, le lundi 5 septembre, après plus de 24 heures passées à l’hôpital, Madeleine Riffaud est transférée dans l’après-midi au sein d’une clinique privée, faute de lit disponibles. Elle précise qu’aucun de ses proches n’a été prévenu de ce changement d’établissement. Consciente que ce qu'elle a vécu n'est que "l'histoire quotidienne de l'hôpital" aujourd'hui en France, Madeleine Riffaud ne jette pas la pierre aux soignants. “Les infirmières et aides-soignants, je les connais bien, j’ai vécu parmi eux, je sais qu’elles auraient éperdument voulu arriver à s’occuper de chacun…” poursuit-elle. En 1974 en effet, Madeleine Riffaud avait mené une "enquête de l'intérieur" à l'hôpital public en s'"engageant incognito comme aide-soignante dans un service de chirurgie cardiovasculaire d’un hôpital parisien. J’avais aussi travaillé au Samu dans le service du professeur Huguenard, à l’hôpital Mondor.” Elle avait déjà déploré le manque de personnels qualifiés et de crédits. Après la publication de son enquête, elle avait rencontré le directeur de l’AP-HP, dans un entretien retransmis à la télévision. “Nous étions tombés d’accord sur tous les points ! Tout le monde est d’accord, sauf les gouvernements qui se suivent et qui, au mieux, ne bougent pas”, déplore-t-elle aujourd'hui. Depuis la situation a empiré selon elle : “si la pandémie de 2020 a changé quelque chose, c’est en mal : le personnel est épuisé. L’État les a tous abandonnés, soignants comme malades.” [Avec La Croix]
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