A 97 ans, ce généraliste exerce encore : "Je ne peux pas laisser mes patients. C’est moral"

25/02/2019 Par Aveline Marques
Insolite
Le Dr Christian Chenay, installé dans le Val-de-Marne depuis 1951, pourrait bien être le doyen des médecins français. A 97 ans, le généraliste voit encore une soixantaine de patients par semaine. Le Parisien lui consacre un portrait.

Il a choisi la médecine "un peu par opportunité" et désormais, il ne peut plus s'en passer. Né à Angers en 1921, Christian Chenay commence ses études de médecine pendant la Seconde Guerre mondiale. "Il n’y avait qu’une école de médecine à Nantes et ça me permettait de travailler. J’ai d’abord été soudeur sur le chantier naval de Saint-Nazaire. J’y serai resté si je n’avais pas eu médecine !", raconte-t-il dans Le Parisien. A la Libération, il obtient un poste d'interne en psychiatrie aux hôpitaux de la Seine, où il côtoie Jacques Lacan. Puis il part à Los Angeles, où il devient chargé de cours en physiologie et se spécialise dans le cerveau et les nerfs. Retour en France en 1950, année où il se marie. Le Dr Chenay choisit la médecine de ville pour continuer à faire "de la psychiatrie de terrain". "20 à 30 % des malades relèvent de la psychiatrie, de maladies imaginaires ou de la schizophrénie et sont mal orientés. On devrait rendre la psychiatrie obligatoire pendant le cursus", estime-t-il.

Installé à Chevilly-Larue (Val-de-Marne) depuis 1951, le généraliste a soigné plusieurs générations de patients, assistant à la montée de leurs exigences et des violences. En 1997, son épouse, qui travaillait au cabinet, est grièvement blessée au couteau par un patient qui reprochait au médecin de ne pas avoir reconnu son handicap. Quant à son fils, lui aussi médecin, il a pris sa retraite à 67 ans, après 37 ans d'exercice aux côtés de son père. Le Dr Chenay père, lui, ne raccrochera pas tant qu'il n'aura pas trouvé de remplaçant. "J’avais prévu d’arrêter mon activité en janvier mais les deux médecins qui devaient venir ont préféré s’installer ailleurs. Je ne peux pas laisser mes patients. C’est moral." A 97 ans, il continue de les recevoir deux fois par semaine, les lundis et mercredis jusqu'à 14-15h. "J’aimerais avoir moins de patients, mais nous sommes trois médecins pour 19 000 habitants et je suis le seul à recevoir sans rendez-vous… Je prends les trente premiers qui arrivent", explique le médecin. Le généraliste continue de se former sur le burn out, l'insuffisance cardiaque... "Je fais beaucoup d’informatique et je marche aussi pas mal lors des visites. Si on arrête, on décline très vite." Une philosophie de la vie qui est au cœur de l'ouvrage qu'il vient de publier à compte d'auteur aux éditions Atramenta : Et si la vieillesse n’était pas un naufrage ? Séniors, réveillez-vous ! [avec LeParisien.fr]

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

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