Affaire du Mediator : le Pr Claude Griscelli radié par l'Ordre des médecins
Le Pr Claude Griscelli n'a pas respecté "les principes de probité et de dévouement indispensables à l'exercice de la médecine", a jugé la chambre disciplinaire d'Ile-de-France de l'Ordre des médecins, dans une décision rendue le 29 décembre dernier. Une sanction infligée quelques jours seulement après la condamnation des laboratoires Servier par la cour d'appel de Paris dans l'affaire du Mediator pour "tromperie aggravée", "homicides et blessures involontaires", "escroquerie" ou encore "obtention indue de mise sur le marché". Dans cette affaire, le Pr Griscelli était poursuivi par l'Ordre pour avoir influencé la sénatrice chargée de rédiger un rapport d'information sur le Mediator, alors qu'il était "lié depuis 2001 aux laboratoires Servier par des contrats de consultant" – pour "une rémunération annuelle de l'ordre de 90 000 euros". Jugé pour "trafic d'influence", le pédiatre, aujourd'hui âgé de 87 ans, avait été relaxé en 2021 par la justice. L'instance ordinale a été plus sévère. Le Canard enchaîné est revenu sur les faits qui lui sont reprochés. Pionnier de la greffe de moelle osseuse chez les nouveau-nés, le Pr Claude Griscelli a dirigé le service d'immunologie de l'hôpital Necker avant de prendre la tête de l'Inserm. Il fut également adjoint au maire de Paris Jean Tiberi, et conseiller de l'ancien ministre de la Santé Philippe Douste Blazy. A l'été 2011, la sénatrice UMP Marie-Thérèse Hermange, chargée de rédiger le rapport sur le Mediator, le sollicite "pour mieux comprendre les variations dans les décomptes des morts du médicament". Problème : le pédiatre omet d'informer la sénatrice, qu'il connaît bien, de ses liens avec les laboratoires Servier. D'après l'information judiciaire, il multiplie pourtant les échanges téléphoniques ou SMS "tout au long des travaux de la mission sénatoriale" avec Marie-Thérèse Hermange, qu'il rencontre "la veille" du rendu du rapport, jour où elle a introduit "des modifications, notamment sur "l'évaluation du nombre de morts". Lors d'une conversation téléphonique avec le numéro 2 de Servier – qui était alors placé sur écoute dans le cadre d'une information judiciaire, le Pr Griscelli assurait ainsi avoir "fait changer pas mal de choses", rapporte le Canard enchaîné. La chambre disciplinaire a considéré qu'en agissant de la sorte, le Pr Claude Griscelli avait déconsidéré la profession. Cette radiation "représente une opportunité de rappeler à tous les professionnels de santé", médecins et laboratoires pharmaceutiques, "qu'il n'est pas possible de passer sous silence ses liens d'intérêts et d'user de son influence dans l'intérêt des industriels contre l'intérêt supérieur de la santé publique et des patients", écrit Me Charles Joseph-Oudin, avocat du collectif des victimes du Mediator, dans une réaction transmise à l'AFP. Le Pr Griscelli a un mois pour faire appel de la décision. [avec AFP et Le Canard enchaîné]
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