Fin décembre, la chambre disciplinaire de l'Ordre des médecins du Calvados a condamné un PU-PH à douze mois d'interdiction d'exercer la médecine, dont neuf avec sursis. Le praticien, membre du service de médecine nucléaire du CHU de Caen, est accusé de harcèlement moral et sexuel. Cette affaire fait suite à une enquête administrative, diligentée au sein de l'hôpital de Caen. Elle a été menée après le signalement d'un médecin assistant hospitalier universitaire, qui "avait eu une altercation avec le professeur [incriminé]", note l'hebdomadaire local Liberté – Le Bonhomme libre.
Dans la foulée de cette enquête, l'ARS a déposé une plainte en février 2023 à l'encontre du PU-PH auprès de la chambre disciplinaire de l'Ordre des médecins du Calvados. Une autre plainte avait été déposée, en juillet 2022, par le Conseil départemental de l’Ordre des médecins. Il soulignait le "comportement général [du professeur] dans le service, ayant donné lieu notamment à des faits de harcèlement moral ou sexuel et à des propos racistes, sexistes, homophobes et menaçants", détaillent nos confrères.
"Cette ambiance donnait lieu quotidiennement à de très nombreuses plaisanteries salaces ainsi qu’à des échanges de textos à caractère sexuel. Cette ambiance sexualisée était d’une intensité particulièrement marquée", indique l'instance disciplinaire dans sa décision, consultée par Liberté – Le Bonhomme libre.
La chambre a également estimé qu'affirmer qu’une fellation permet de progresser professionnellement s’inscrit "dans des propos sexistes, même tenus sous couvert de plaisanterie", et ces termes sont d’autant plus répréhensibles qu’ils "émanent d’une personne en situation dominante", prologent nos confrères de Ouest-France.
Un humour "grivois, leste ou encore beauf"
De son côté, le professeur justifie son comportement par une "certaine tradition carabine". Il avance un humour "grivois, leste ou encore beauf" permettant, d'après lui, "d'entretenir la bonne humeur et la cohésion de la communauté de travail".
Sur le réseau social X, l'Intersyndicale nationale des internes (Isni) s'est félicitée de cette condamnation à une interdiction d'exercer la médecine pendant un an, dont neuf mois avec sursis. Une "grande première", insiste le syndicat. "Si la peine est trop courte, la décision reste historique : les harceleurs ne sont plus les bienvenus à l'hôpital", prolonge-t-il.
[TW: HARCÈLEMENT]
Grande première, une condamnation ordinale pour des faits de harcèlement !
Si la peine est trop courte, la décision reste historique : les harceleurs·euses ne sont plus les bienvenu·e·s à l’hôpital.
L'ISNI s'engage contre les VSS ! pic.twitter.com/9YeO5Xdwcp— ISNI - InterSyndicale Nationale des Internes (@ISNItwit) February 15, 2024
Cette interdiction d'exercer aurait du prendre effet le 2 avril prochain. Elle a toutefois été suspendue le 1er février dernier, le PU-PH incriminé ayant fait appel de la décision à son encontre, indique Ouest-France. D'après le quotidien, l'affaire doit être réexaminée par la chambre disciplinaire nationale de l'Ordre des médecins à Paris dans un délai de 12 à 24 mois. [avec Liberté – Le Bonhomme libre et Ouest-France]
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