Il voulait "aider les gens", s’est-il défendu en audition. Un jeune homme était jugé ce mardi devant la 6e circonscription du tribunal judiciaire de Lyon pour exercice illégal de la médecine et mise en danger de la vie d’autrui. Fin août 2020, il avait usurpé les numéros Adeli et RPPS de deux professionnels de santé – dont un kiné – pour s’inscrire sur une plateforme médicale en ligne, Ma Question Médicale, en tant que généraliste. Durant près de deux semaines, il a été en contact avec 110 patients au téléphone, via le fixe de sa mère, chez qui il réside, indique Le Progrès, qui révèle l’affaire. Au total, il a réalisé 132 téléconsultations, au cours desquelles il a effectué des ordonnances – du paracétamol mais aussi des médicaments classés sur les listes I et II des substances vénéneuses – et délivré des arrêts de travail. Son compte a été finalement clôturé en septembre, après que l’administrateur système a alerté la direction de la plateforme. Contacté par Egora, le président de Ma Question Médicale, le Dr Jean Tafazzoli, indique avoir aussitôt prévenu la police et la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil). Compte-tenu de la gravité de la situation, la start-up a déposé plainte par la suite. Tous les patients qui ont consulté ce faux médecin ont été contactés, et ont bénéficié "systématiquement d’une consultation de correction", assure le président-fondateur, affirmant que "l’intérêt des patients a toujours été sauvegardé". Celui-ci confirme que le jeune homme a fait des prescriptions mais que celles-ci n'avaient "ni queue ni tête et n’auraient pas été délivrées". Selon le Dr Tafazolli, qui décrit une forme de "boulimie" chez le faux médecin au regard du grand nombre de consultations réalisées, "une grande majorité des téléconsultations n’ont pas abouties car les patients ont vu un gamin de 21 ans à l’écran et se sont rendu compte que quelque chose n’allait pas". Depuis, "on a poussé la sécurité encore plus loin", rassure le généraliste de profession. Le Dr Tafazzoli souligne que le jeune homme a tenté de se réinscrire "à plusieurs reprises" en vain… Ce dernier a finalement été interpellé fin mars 2021, rapporte Le Progrès.
Déscolarisé en 3ème Aux enquêteurs, il aurait alors indiqué être inscrit en 1ère année de médecine à Lyon. Information fausse puisque le jeune homme suivait en réalité un enseignement à distance pour passer son bac. Il avait en effet été déscolarisé à partir de la 3ème, au collège, indique Le Progrès, qui ajoute que le prévenu avait un casier judiciaire vierge. Lors d’une audition, le jeune homme, qui selon son entourage a effectué plusieurs séjours en psychiatrie, a expliqué vouloir aider les gens. Ce dernier a affirmé qu’il était persuadé que les ordonnances qu’il avait générées ne fonctionneraient pas. Il aurait même conseillé à "ses patients" de se renseigner en pharmacie sur les médicaments prescrits. Il a finalement été condamné à six mois de prison avec sursis probatoire et à une obligation de soins et de travail. Il a également été interdit d’exercer une activité médicale ou paramédicale pour une durée de trois ans. Il devra également verser 1.000 euros à Ma Question Médicale pour atteinte à l’image de la start-up. La présidente du tribunal a indiqué qu’"à aucun moment, l’Ordre des médecins n’a été informé de quoi que ce soit". Le Dr Tafazolli explique à ce sujet que le faux médecin "n’a pas usurpé l’identité de médecin et ce n’est pas un médecin qui a porté plainte contre lui mais l’entreprise Ma Question médicale". [avec Le Progrès]
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