Alors qu’il est déjà mis en examen pour “mise en danger de la vie d’autrui et blessures involontaires”, un médecin bordelais était convoqué devant le Conseil régional de l’Ordre des médecins pour des “manquements déontologiques”. Deux familles le poursuivent après des opérations de circoncision qui ont mal tourné.
Ce médecin était en effet un Mohel, une personne habilitée à pratiquer la circoncision dans la religion juive. Dans le cas des premiers plaignants, suite à l’opération de leur fils en décembre 2019, le couple constate qu’il saigne abondamment quelques heures seulement après l’intervention. Installés à l’hôtel, ils reçoivent l’aide d’un aumônier qui se charge de réaliser des pansements. Puis, le médecin intervient à son tour, mais les pansements réalisés sur place ne tiennent pas. A deux heures du matin, les parents décident d’emmener leur enfant aux urgences. D’après Sud Ouest, le petit garçon avait alors perdu entre 25% et 37% de sa masse sanguine.
La seconde affaire concerne encore un problème post-opératoire, l’ablation du prépuce ayant causé à un autre petit garçon un hématome. Les parents font contrôler leur enfant par l'aumônier, qui est seul à l’examiner et tente de le résorber. Quelques heures plus tard, les parents reçoivent pour consigne par mail, de placer, à nouveau, un pansement. Finalement, l’enfant passera 48 heures à l’hôpital pour rétention urinaire.
Ce médecin exerçait dans le centre de circoncision rituel de Bordeaux, où il avait des parts, et facturait l’opération 500 euros. Dans cette affaire, le Conseil départemental de l’Ordre a décidé de s’associer aux plaintes disciplinaires déposées à l’encontre du praticien. Son avocat défend, de son côté, toute faute de sa part. “Il n’est pas le charlatan voire le boucher que l’on dépeint”, affirme-t-il à Sud Ouest. Dans le cadre de la première affaire, l’avocat assure que le praticien est venu à l’hôtel, où il est resté une quarantaine de minutes. Preuve, selon lui, d’un “suivi attentif”. “Je suis connu et reconnu au niveau religieux. En France, il n’y a pas de diplôme, mais depuis deux ans, mon père est en discussion avec le consistoire pour faire passer un diplôme. Ça dérange sûrement”, argumente de son côté l’accusé.
Pour la défense des familles, ce médecin "n'a qu’une vague attestation de rabbin israélien pour se prétendre Mohel”. “En réalité, il n’est pas habilité par les autorités religieuses françaises. Et mes clients ne cherchaient pas un Mohel, mais un médecin avec la sécurité déontologique que cela implique”, fait valoir leur avocate. La décision devrait être rendue à l’automne.
[avec Sud Ouest]
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