Poursuivie par l’Ordre en France, Martine Wonner est partie exercer dans une clinique suisse
La nomination de la psychiatre alsacienne, égérie des antivax, au sein de la clinique Le Noirmont (canton du Jura, en Suisse) a suscité la polémique. Sur le réseau social X (anciennement Twitter), la nouvelle a fait l’effet d’une bombe. La psychiatre alsacienne Martine Wonner exerce désormais dans une clinique suisse en tant que médecin adjointe. Le 25 novembre dernier, l’égérie des antivax avait été suspendue d’exercice pour une durée d’un an par la chambre disciplinaire du Conseil régional de l'Ordre des médecins du Grand Est. Il lui était reproché d’avoir fait la promotion d'"informations erronées" et d'avoir diffusé des "protocoles de soins" contre le Covid "sans fondement scientifique", en particulier l'ivermectine ou l'hydroxychloroquine, sur ses réseaux sociaux. A l’époque, la psychiatre avait dénoncé une décision "totalement scandaleuse", se disant "profondément inquiète quant à la liberté d'opinion et la liberté d'expression dans notre pays". Celle qui avait été élue députée sous la bannière LREM en 2017 avant d’être exclue du groupe parlementaire en 2020 soutenait notamment que le port du masque ne servait "à rien" en pleine épidémie de Covid-19. Elle s’était également soulevée contre le vaccin et le pass sanitaire. Et figurait dans le documentaire complotiste Hold Up, à l’instar du Pr Christian Perronne. Blick, le média suisse qui a révélé que Martine Wonner avait été recrutée par la clinique Le Noirmont, rappelle que la psychiatre avait fait appel de la décision de l’Ordre, ce qui a donc un effet suspensif. Une information confirmée à Egora par l’Ordre des médecins. Polémique "Ce n’est pas normal. Notre pays mérite mieux que d’être le refuge de médecins suspendus", a réagi un pharmacien suisse sur le réseau social X. Des médecins français se sont également offusqués de voir la praticienne poursuivie en France être embauchée de l’autre côté de la frontière. La clinique Le Noirmont a ainsi été plongée dans la polémique, forçant la direction à réagir. Dans un mail adressé au média Blick, le directeur, Arian Kovacic, a tenu à préciser que "la Dre Wonner n’a pas de responsabilité médicale au sein de la clinique, puisqu’elle n’est pas médecin-cheffe et qu’elle n’a pas demandé le droit de pratique afin de pouvoir gérer une patientèle ambulatoire".
En Suisse, "située au centre d'une nature intacte et lumineuse, la région des Franches-Montagnes déploie ses charmes sous les fenêtres de la clinique" de Noirmont.
Cette clinique compte désormais parmi ses médecins Martine Wonner, médecin français antivax suspendue par… pic.twitter.com/95W8VLsNFB— Le___Doc (@DrFranckClarot) August 30, 2023
Non, ce n'est pas normal. Notre pays mérite mieux que d'être le refuge de médecins radiés. https://t.co/1QZLUfuu5j
— Steve Claude (@ClaudeSteve6) August 29, 2023
Toutefois, a-t-il ajouté, "ses diplômes sont reconnus en Suisse et nous n’avons jamais rencontré d’opposition à leur reconnaissance". Elle travaillerait donc en toute légalité. Le directeur de la clinique, qui a souligné "la longue expérience" et "la motivation" de la Dre Wonner, s’est en revanche désolidarisé des propos tenus par la psychiatre lors de l’épidémie de Covid. "Nous avons compris la volonté de la Dre Wonner de vouloir tourner la page et son engagement à bannir ce type de propos au sein de notre clinique et de manière générale. Elle n’est plus en politique aujourd’hui et ne désire d’ailleurs plus s’exprimer sur ce sujet", a-t-il poursuivi. En outre, le directeur estime que "cette suspension en France pour ses opinions politiques et non pour ses compétences médicales ne devaient pas avoir de répercussion sur sa vie de médecin en Suisse". Le service du médecin cantonal – organisation appartenant à la Direction générale de la santé (DGS) suisse – a ajouté au média Blick que la praticienne ayant été placée sous la responsabilité d’un médecin chef n’a pas besoin d’autorisation d’exercer. Interpellé sur les réseaux sociaux, le président du Gouvernement jurassien, canton où se situe la clinique, est sorti de sa réserve. "Ce que montre cette affaire, c’est que nous devons revoir la totalité de notre législation en matière de santé", a déclaré Jacques Gerber, également en charge de la Santé, à Blick. Ce dernier a assuré ne pas cautionner les propos tenus par la psychiatre, et juge qu’il aurait été "préférable de ne pas l’engager". "On ne peut pas faire fi d’un passé comme celui-ci. Ceci dit, nous n’avons pas reçu de plainte la concernant depuis ses débuts en février." [avec Radio fréquence Jura et Blick]
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