Huit ans après les faits, ce médecin de l'hôpital Purpan, à Toulouse, va être renvoyé devant le tribunal correctionnel. Il lui est reproché d'avoir sous-estimé la gravité d'un appel.
Les faits se sont produits le 9 avril 2010. Le Samu 31 reçoit un appel concernant un homme de 51 ans qui ressent une forte douleur à la poitrine, sue abondamment et paraît soudainement très fatigué, relate Le Point. D'après son épouse, très inquiète, "il ne peut pas ouvrir la main", a "perdu la boule" et est dans l'incapacité de s'entretenir avec le médecin au téléphone. Le malade a pris du Gaviscon.
Rien sur la localisation de la douleur, son intensité, son déplacement.
Le médecin, qui participe depuis 2008 à la régulation de la permanence des soins, pose quelques questions types : Avez-vous bu de l'alcool ? Êtes-vous pris de vomissements ? De diarrhées ? Avez-vous de la fièvre ? Quels sont vos antécédents médicaux ? etc. Mais rien sur la localisation de la douleur, son intensité, son déplacement. Pour la justice, son interrogatoire est "lacunaire". "Aucun test n'est proposé pour valider ou infirmer l'hypothèse d'un syndrome coronarien aigu, note la Cour de cassation, qui vient de confirmer le renvoi de l'affaire devant le tribunal correctionnel. Les conseils prodigués consistent à demeurer allongé pour éviter un malaise vagal et à prendre de l'Omeprazole (un inhibiteur de la pompe à protons réduisant la sécrétion acide de l'estomac) alors que deux médicaments similaires ont déjà été tentés." Le médecin sollicite tout de même SOS médecins pour une visite, sans mentionner d'urgence. Il évoque "de violentes douleurs épigastriques avec une gêne respiratoire". "Il y a une épidémie de mal à l'estomac ce soir. Il a dû manger des épices", ajoute le médecin. Mais le patient décède d'un infarctus du myocarde dans la soirée. Son épouse porte plainte quelques jours plus tard, contre le Samu, l'hôpital Purpan et les deux médecins. C'est le début d'une longue procédure. Dans un premier temps, le juge d'instruction prononce un non-lieu, estimant que l'omission de porter secours n'est pas constituée puisque rien ne prouve que les médecins avaient "conscience du caractère de gravité du péril". La famille fait appel. Le 11 septembre dernier, la cour d'appel de Toulouse décide de renvoyer le seul médecin du Samu devant le tribunal correctionnel. Elle s'appuie sur des enregistrements et sur des expertises médicales qui montrent l'évidence du risque. "A aucun moment, l'origine coronarienne ou aortique de la douleur n'a été évoquée", souligne l'un des experts. "En matière de prise en charge en urgence d'un patient, il ne s'agit pas de faire un diagnostic téléphonique précis, mais de savoir suspecter un diagnostic grave qui pourrait mettre en jeu le pronostic vital du patient ; qu'en l'espèce, à l'âge de 51 ans, dans le contexte d'un tabagisme porté à la connaissance des intervenants, les symptômes de Didier devaient être considérés jusqu'à preuve du contraire comme des manifestations douloureuses pseudo-digestives associées à des manifestations vagales d'un infarctus du myocarde." Le procès devrait s'ouvrir début 2019. [avec Lepoint.fr]
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