Le 3 février 2017, une patiente âgée de 68 ans ressent de vives douleurs abdominales. Inquiet, son conjoint téléphone au Samu et la conduit ensuite au Centre hospitalier du Centre-Bretagne (CHCB), à Noyal-Pontivy. Elle est prise en charge par une interne, qui lui diagnostique une gastro-entérite aiguë virale, sans complication. Elle est ensuite renvoyée chez elle “avec une ordonnance de Doliprane”, “sans contrôle du diagnostic par un médecin sénior”, raconte son conjoint au Journal de Pontivy. “On ne lui a pas fait d’échographie, ni de scanner, ni de radio”, précise-t-il.
Quatre jours plus tard, la sexagénaire consulte son médecin traitant, qui soupçonne un “syndrome sub-occlusif”, “car les douleurs étaient localisées à droite”. La patiente avait subi une appendicectomie quarante ans plus tôt. Elle retourne donc à l’hôpital pour consulter un gastroentérologue en urgence. “Mais ce spécialiste considérera, sans le moindre examen, qu’il n’y a aucun caractère de gravité et qu’elle peut rentrer chez elle. Il lui prescrit même une analyse de sang à faire en centre-ville de Pontivy alors qu’elle ne pouvait même pas marcher. Elle ne s’était pas alimentée depuis quatre jours ; elle était d’une faiblesse extrême. Mieux : il lui prescrit un laxatif, strictement interdit en cas de blocage de l’intestin”, témoigne encore le conjoint.
Le médecin demande toutefois à ce qu’elle passe un scanner en secteur libéral le lendemain. Mais, c’était “irréalisable compte tenu du planning. Le scanner sera programmé un mois plus tard sans qu’il s’en rende compte…”.
Le lendemain, les douleurs étant de plus en plus insupportables, elle retourne aux urgences où on lui fait passer des radios. L’interne lui indique qu’elle souffre en réalité d’une occlusion intestinale. Le chirurgien urologue décide de l’opérer le lendemain matin. Sauf que… dans la nuit, son état se dégrade brutalement. Selon le compte-rendu opératoire, elle était en “état de choc hypovolémique et probablement septique”.
Opérée le 9 février, elle est finalement transférée “dans un état critique” en fin d’après-midi par hélicoptère au service de réanimation du Centre hospitalier Bretagne-Sud (CHSB) de Lorient. Elle y restera cinq mois, avant d’intégrer la clinique Saint-Yves de Rennes et de passer deux mois en réanimation au CHU. La patiente décède finalement le 11 décembre 2017.
Le 26 mai dernier, dans une décision qui vient d’être rendue publique, le tribunal administratif de Rennes a condamné le CHCB à verser 571 583 euros à la Caisse primaire d’Assurance maladie du Morbihan et 56 601 euros à son conjoint, considérant que “l’absence de vomissements, de diarrhée et de fièvre évoquaient une gastroentérite, mais également une affection chirurgicale […], impliquant des examens complémentaires qui n’ont pas été effectués.”
[avec le Journal de Pontivy]
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