CNews fait face à une nouvelle polémique. Lundi 26 février, la chaîne d'information a présenté ses excuses après avoir diffusé une infographie controversée comparant l'avortement à la "première cause de mortalité dans le monde". Alors que le Sénat doit se prononcer mercredi sur l'inscription de l'IVG dans la Constitution, le talk-show religieux "En quête d'esprit" a montré, dimanche 25 février, "une infographie présentant un comparatif entre les causes de la mortalité générale dans le monde et le nombre d'IVG dans le monde", a indiqué Laurence Ferrari, lundi, lors de sa propre émission "Punchline".
"Ce sont des données incomparables, il est absolument impossible de comparer ces chiffres et de les mettre en miroir de ceux de la mortalité liée au cancer ou au tabac", a-t-elle insisté. "La chaîne CNews présente ses excuses à ses téléspectateurs pour cette erreur qui n'aurait pas dû se produire" et "auprès de toutes les femmes", a-t-elle ajouté, "avec une pensée particulière pour celles dans le monde qui luttent pour le droit à disposer de leur corps" ou "ont perdu la vie faute de pouvoir accéder à l'IVG".
Laurence Ferrari a pris la parole. CNEWS regrette la diffusion de l’infographie intitulée «Les causes de la mortalité dans le monde» dans l’émission «En quête d’esprit» diffusée le 25 février et présente ses excuses à toutes les personnes que cette infographie aurait pu heurter pic.twitter.com/E9MupEEkzt
— CNEWS (@CNEWS) February 26, 2024
Il s'agit "d'un droit garanti par la loi, il ne s'agit pour quiconque de le remettre en cause", a complété Laurence Ferrari, durant son émission. Et elle a espéré, à titre personnel, "que ce droit acquis de haute lutte par nos mères, par nos aînées, sera inscrit dans la Constitution".
Sur le réseau social X, la chaîne dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré a également présenté "ses excuses à toutes les personnes" que la séquence "aurait pu heurter". Cette dernière "avait précisément été supprimée lors du montage final et n'aurait donc jamais dû être diffusée", a assuré de son côté le numéro 2 de Canal+, maison-mère de CNews, Gérald-Brice Viret. Ce dernier a invoqué une "erreur technique".
"Ces propos sont indignes"
Abondamment critiquée sur les réseaux sociaux, l'infographie mise en cause a fait l'objet de nombreuses saisines de l'Arcom*, confirmées à l'AFP, et a été dénoncée par une série de personnalités politiques de gauche, comme de la majorité présidentielle. "Ces propos sont indignes. Plus que jamais, l'inscription de l'IVG dans la Constitution engagée par Emmanuel Macron est une avancée essentielle", a notamment réagi Frédéric Valletoux, nouveau ministre délégué en charge de la Santé et de la Prévention. "L'avortement est une liberté", a-t-il ajouté.
L’avortement n’est ni une maladie, ni un crime contre autrui.
— Frédéric Valletoux (@fredvalletoux) February 26, 2024
L’avortement est une liberté.
Ces propos sont indignes. Plus que jamais, l’inscription de l’IVG dans la Constitution engagée par @EmmanuelMacron est une avancée essentielle. pic.twitter.com/3STajevrbn
En 2021, C8, autre chaîne du groupe Canal+, avait déjà provoqué une polémique en diffusant un film américain anti-avortement. Celle de lundi survient dans un contexte délicat pour CNews, régulièrement épinglée par l'Arcom. Sa fréquence, comme 14 autres de la TNT, sera remise en jeu pour 2025, mercredi 28 février, à la veille d'auditions de ses dirigeants et têtes d'affiche à l'Assemblée nationale. Les échanges s'annoncent vifs, deux semaines après une décision du Conseil d'Etat sommant le régulateur de muscler son contrôle de CNews.
*L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique.
[avec AFP]
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