Internes, biologistes, médecins libéraux, intérimaires… Les réponses cash de François Braun
Grèves, manifestations, "vendredis de la colère"… La colère monte dans le monde de la santé. Voguant de crise en crise, le ministre de la Santé garde pourtant le cap : refonder le système de santé. Sur la 4e année d'internat de médecine générale ou sur les économises demandées aux biologistes, François Braun se dit prêt à "discuter des moyens" mais refuse de transiger sur les objectifs à atteindre. Crise des urgences : la majoration à 15 euros prolongée L'évaluation par l'Igas des mesures de la "mission flash" sur les urgences est "positive" a révélé François Braun. Ces mesures, parmi lesquelles la régulation de l'accès aux urgences, ont permis "pour la première fois depuis dix ans de diminuer la fréquentation des SAU, entre 5 et 6%", a souligné le ministre de la Santé. "Toutes les mesures sont prolongées, sauf une, l'ouverture des maisons médicales de garde le samedi matin" a-t-il ajouté. Le ministre s'est notamment dit "satisfait" de la majoration de 15 euros pour les actes de soins non programmés réalisés sur régulation. Les négociations conventionnelles seront l'occasion de revenir sur les dispositions de l'avenant 9 concernant le SAS. Grève pour la hausse du C : "Je n'exclus rien" Réunissant plus de 11 000 médecins libéraux, le mouvement Médecins pour demain appelle à fermer les cabinets les 1er et 2 décembre afin d'obtenir une consultation de base à 50 euros. "Je suis prêt à les rencontrer", a déclaré François Braun… tout en déplorant qu'ils n'en aient pas fait la demande. Sur le tarif de la consultation, le ministre de la Santé renvoie la balle dans le camp des partenaires conventionnels. "Je n'exclus rien mais nous serons dans une logique de droits et de devoirs, a-t-il insisté. Vous connaissez mes objectifs de lutte contre toutes les inégalités d'accès à la santé et il va falloir que mes collègues libéraux y participent." 4e année d'internat de médecine générale : "Je maintiens la cible" Alors que les organisations étudiantes appellent à une nouvelle journée de manifestations le 17 novembre, le ministre de la Santé campe sur ses positions. "Depuis 2017, les représentants des étudiants nous disent tous qu'ils ont une formation qui est mal ficelée, incomplète, notamment en pédiatrie. Cette 4e année est d'abord une année de formation complémentaire en pédiatrie, gynécologie, gestion d'un cabinet…", a-t-il plaidé, assurant que cette année supplémentaire allait "accélérer l'installation" et non pas la "retarder". "Je l'ai dit dès le départ, je veux que ce soit un exercice en ambulatoire, prioritairement en zone sous-dense, je ne change pas ma ligne", a-t-il insisté. Toutefois, un amendement au PLFSS met en place une dérogation : "exceptionnellement", pour des parcours de formation atypiques, l'un des deux stages pourra être réalisé "en milieu hospitalier". Grève des biologistes : une attitude "inacceptable" François Braun a de nouveau dénoncé l'attitude "inacceptable" des biologistes libéraux qui ont cessé de transmettre les résultats des tests Covid sur la plateforme Sidep la semaine dernière, pour protester contre les économies demandées dans le PLFSS 2023, avant de saluer leur retour à la table des négociations… Retour de courte durée puisqu'à l'issue d'une première rencontre avec la Cnam ce lundi, les représentants du secteur ont appelé à la grève à compter du 14 novembre. "Avec un excédent brut d'exploitation de plus de 3 milliards d'euros, je pense qu'ils peuvent faire un effort de 250 millions", a estimé François Braun. Reste à définir les moyens d'y parvenir : ajustement du B, part sur les "profits" Covid… Grève ou pas, les discussions devront "aboutir", martèle le ministre de la Santé. "J'assume totalement les cibles que je donne aux différents partenaires." Intérim "cannibale" : "Il y a un moment donné où il faut dire stop" Repoussée plus d'un an, la mesure permettant le blocage des rémunérations hors plafond sera mise en œuvre "au printemps" prochain, a affirmé François Braun, appelant les hôpitaux à anticiper la fronde des médecins intérimaires. Le ministre de la Santé se tient prêt à affronter une grève d"un mois". "Il y a un moment donné où il faut dire stop Quand un médecin gagne en une nuit deux fois ce que gagne une infirmière en un mois, là je dis stop. C'est indécent", a-t-il lancé, ciblant un intérim "cannibale" qui fait "monter les prix". "Nous sommes partis dans une logique où les gens quittent l'hôpital pour faire de l'intérim, ils choisissent les endroits où ils vont bosser, leur type d'activité et ceux qui restent à l'hôpital sont obligés de boucher les trous", a-t-il pointé. "Quand vous êtes aux urgences et que vous vous tapez toutes les nuits et les week-ends parce que l'intérimaire ne fait que du Smur, c'est pas possible. Vous bossez 4 jours dans le mois et vous avez autant que le PH temps plein, ça c'est pas possible." Selon les spécialités, les équipes tournent actuellement avec "20 à 40%" de médecins intérimaires, souligne le ministre. Le printemps risque d'être mouvementé… Obligation vaccinale : "Il faut qu'on aille plus loin" Alors que le gouvernement italien a accepté de réintégrer les soignants non vaccinés contre le Covid, François Braun a confirmé avoir saisi de nouveau la HAS lundi sur la question de l'obligation vaccinale, au sens large. "Agnès Buzyn a fait un grand pas avec l'obligation vaccinale pour les enfants. A titre personnel je pense qu'il faut qu'on aille plus loin. Il faut qu'on s'intéresse à des publics plus particuliers comme les professionnels de santé", a-t-il répondu, précisant que la HAS avait déjà été saisie en 2019 sur la question de l'obligation vaccinale, mais que l'avis n'avait pas été rendu, à cause de la crise du Covid. "J'ai demandé qu'on réactive et qu'on complète la question à ce sujet, pour élargir le champ et pas se concentrer uniquement sur la vaccination contre le Covid", a-t-il précisé. Quant au nombre de soignants non vaccinés contre le Covid, en France métropolitaine, "ce n'est pas un sujet, c'est peanuts", a lancé François Braun. La question se pose davantage dans les Antilles, "en particulier en Guadeloupe". "Il y a des propositions qui ont été faites et qui ont été rejetées, on est en train d'y travailler sachant qu'il y a un problème sanitaire et un problème éthique. Il y a des réactions extrêmement fermes des soignants vaccinés pour la non réintégration de leurs collègues." Partage de tâches : "Je soutiendrai la position du Conseil de l'Ordre" La position du Clio et la position du Conseil national de l'Ordre des médecins est "particulièrement courageuse et novatrice dans le sens où pour la première fois on parle partage de compétences". "Malheureusement", a déploré le ministre, cette position "a attiré les foudres des représentants de la médecine générale. Là je soutiendrai la position du conseil de l'Ordre", a affirmé le ministre, jugeant que le "parcours de soins coordonné" n'était pas incomptable avec le "rôle du médecin traitant". "En tant que médecin urgentiste, l'exercice coordonné fait partie de mon ADN", a-t-il ajouté.
La sélection de la rédaction
Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?
François Pl
Non
Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus