650 millions d'euros pour les Ehpad : le secteur salue les annonces du Gouvernement
Les acteurs du secteur des Ehpad ont salué l'annonce du Gouvernement, mercredi 24 avril, d'affecter 650 millions d'euros à ces établissements. Ils appellent toutefois les pouvoirs publics, et notamment les départements, à faire plus pour venir en aide aux Ehpad français, en grandes difficultés financières.
Mercredi 24 avril, Fadila Khattabi a annoncé affecter 650 millions d'euros aux Ehpad, dont 190 millions pour les établissements publics. Selon la ministre déléguée aux Personnes âgées, interrogée par Le Figaro, cette affectation entrainerait une hausse de 5% du financement de l'Etat en 2024 pour les Ehpad publics et associatifs, et de 3% pour le secteur privé commercial. Ce coup de pouce consiste en l'affectation de lignes déjà comprises dans le budget 2024.
Il a été salué mercredi par le secteur des Ehpad, qui appelle toutefois les pouvoir publics, et notamment les départements, à aller plus loin. Dans un communiqué, l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) a, en effet, "salué cette prise de position très rapide de la ministre", y voyant "l'attention qu'elle montre pour ce secteur dont près de 80% des structures finissent un exercice 2023 en déficit".
Malgré tout, l'AD-PA "considère que ces hausses ne suffiront pas à répondre à l'urgence et aux enjeux de moyen terme". "En effet, il s’agit bien de la nécessité d’un engagement de l’ensemble des pouvoirs publics qui est attendu, et donc des départements aussi eux-mêmes financeurs des structures pour personnes âgées", écrit l'association. "Ce premier pas" nécessite donc "d'être prolongé par un même engagement de la part des départements", "élargi aux services à domicile" et "suivi d'un projet de Loi Grand âge Autonomie", promis par Emmanuel Macron "pour fin 2018", rappelle l'AD-PA.
Une situation financière très compliquée
Du côté du Synerpa*, l'accueil est aussi relativement favorable. Le syndicat qualifie, dans un communiqué, les 3% de hausse d'"effort significatif du Gouvernement […], même si ce taux ne compense pas entièrement l'inflation réelle subie". Il exprime toutefois son "incompréhension" concernant "l'exclusion" du secteur privé commercial "de certaines mesures sociales, notamment de revalorisations salariales". "Cette différenciation de traitement fragilise la capacité des acteurs privés du grand âge à accomplir leur mission", poursuit le Synerpa.
[ #Communiquédepresse ]
Alors que le gouvernement annonce une augmentation de 3% de la dotation pour les soins dans les EHPAD dans le cadre de la circulaire budgétaire 2024, le Synerpa salue cet effort significatif, même s'il ne compense pas entièrement l'inflation réelle… pic.twitter.com/mnVRQZQSv3— Synerpa (@SYNERPAcom) April 25, 2024
La Fédération hospitalière de France (FHF) a aussi tenu à prendre la parole. Dans un communiqué, elle s'est "félicit[ée]" des annonces de Fadila Khattabi, qui "attestent d'une prise en compte par le Gouvernement des alertes portées par la FHF sur la dégradation de la situation des Ehpad publics". La hausse de 5% accordée aux Ehpad publics ne "permettra pas à elle seule le rattrapage des situations de sous-financement des exercices antérieurs", souligne la FHF.
Contactée par l'AFP, le vice-président de l'association Départements de France (DF), Olivier Richefou – qui est également responsable du groupe de travail "Grand âge" – assure que les départements sont bien conscients de la situation financière "très compliquée" des Ehpad. Notant que DF a appris dans la presse l'annonce de la ministre déléguée, faite sans concertation selon lui, le député a souligné que chaque département était "libre" de décider d'une augmentation, ce que certains ont déjà fait.
De son côté, Fadila Khattabi a évoqué la possible reprise en main par l'Etat de la partie "dépendance" (actuellement gérée par les départements) pour la fusionner avec la section "soins" (financée par la Sécurité sociale), en vue de simplifier le système actuel. Pour l'instant, 10 départements ont répondu à l'appel à candidatures, ouvert jusqu'au 30 avril, pour cette expérimentation. Cela va donc permettre de regarder "comment on peut faire un peu d'économies", a noté Olivier Richefou.
[avec AFP]
*Syndicat nationale des établissements et résidences privés pour personnes âgées, premier syndicat des Ehpad privés.
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