Gabriel Attal a présenté son nouveau plan samedi 6 avril.
Accès direct aux médecins spécialistes, gardes, taxe lapin… Le plan d'Attal pour améliorer l'accès aux soins
Lors d'une rencontre à Matignon avec huit titres de presse régionale, samedi 6 avril, le Premier ministre a décliné son plan pour améliorer l'accès aux soins de ville. Objectif : "reconquérir 15 à 20 millions de rendez-vous médicaux" par an, et "simplifier le quotidien de nos soignants".
Gabriel Attal a présenté son nouveau plan samedi 6 avril.
Deux mois après avoir présenté son plan de bataille en faveur de la santé, dans le cadre de son discours de politique générale, le Premier ministre, Gabriel Attal, a décliné ses orientations à la presse régionale. Huit titres de presse étaient ainsi conviés ce samedi 6 avril à Matignon, dont Le Parisien-Aujourd’hui en France et Sud-Ouest. Le chef de file du Gouvernement est resté sur un ton conquérant. Fin janvier, il avait dit vouloir "réarmer le système de santé". Son objectif, avec les ministres concernés – Catherine Vautrin et Frédéric Valletoux – est de "reconquérir 15 à 20 millions de rendez-vous chez les généralistes dès cette année", a-t-il exposé aux journalistes. Alors que "beaucoup de Français renoncent aux soins ou n'en peuvent plus d'attendre si longtemps pour décrocher un rendez-vous médical", il souhaite également "fluidifier" les parcours.
Afin d'atteindre ses ambitions, Gabriel Attal a présenté plusieurs mesures concrètes. Egora fait le point.
Former plus de médecins
Alors que le numerus clausus a été supprimé en 2020, le chef de file du Gouvernement a déclaré vouloir aller plus loin et plus vite pour former davantage de médecins. "Il y avait 8 150 places de médecine à l’université en 2017, on est monté à 10 000 en 2023. On va augmenter encore ces chiffres pour les porter à 12 000 par an en 2025 et jusqu’à 16 000 par an en 2027", a-t-il indiqué à la presse régionale. Un "quasi doublement". Cette augmentation du nombre de places dans les facultés ne devrait toutefois pas produire ses effets avant 2035. Ainsi, "2 700 professionnels étrangers vont venir renforcer les hôpitaux cette année", a précisé Gabriel Attal.
Accès direct aux spécialistes
L'enjeu est donc, dans l'immédiat, de libérer du temps aux médecins, en particulier aux généralistes. Pour cela, le Gouvernement entend miser sur les autres spécialistes et les paramédicaux. L'exécutif va ainsi expérimenter, dans un département par région, le recours direct à un spécialiste, sans que le patient soit obligé de passer par la case médecin traitant. Il va également tester "la possibilité d'aller consultation directement un kiné, par exemple quand on a une lombalgie, sans passer par un généraliste" dans 13 départements (un par région là aussi). Un accès direct prévu par la loi Rist.
Le nombre d'assistants médicaux devrait également passer de 6 000 en janvier "à 8 000 cet été et 10 000 à la fin de l'année, ce qui libérera 2,5 millions de consultations chez les médecins", a ajouté Gabriel Attal.
Afin de "simplifier" les actes médicaux du quotidien, dès le mois de juin, les pharmaciens pourront également délivrer des antibiotiques pour les angines et les cystites. Une mesure déjà annoncée mais qui n'était pas encore entrée en vigueur. Les opticiens pourront également adapter des verres sans faire repasser le patient par l'ophtalmologiste. Objectif : libérer 9 millions de consultations par an pour les angines, 17 millions pour la vue. Des décrets d'application sont attendus pour ces mesures.
Par ailleurs, le dispositif Mon Soutien Psy sera simplifié : le rendez-vous préliminaire et obligatoire chez le médecin traitant avant d'accéder au psychologue sera supprimé, et la prise en charge par l'Etat va passer de 30 à 50 euros par consultation, "et jusqu'à 12 séances de psy par an pourront être remboursées".
Améliorer la PDSA
Le Premier ministre s'est également attaqué à la permanence des soins ambulatoires, dont il veut améliorer l'efficience, en particulier sur le créneau 18h-00h et le week-end. "Je fixe l’objectif que tous les Français puissent accéder à un médecin de garde à moins de trente minutes de chez eux, y compris le soir et le week-end", a déclaré Gabriel Attal, samedi 6 avril, à la presse régionale. Ce dernier a dit "faire confiance aux médecins pour s'organiser en conséquence", et promis "des incitations financières" pour les volontaires. Toutefois, a-t-il prévenu, il n'hésitera pas à "réintroduire une obligation de garde", supprimée en 2002, si les médecins ne parviennent pas à améliorer la couverture. A ce jour, "5% des territoires ne sont pas couverts", a précisé Matignon. Gabriel Attal a également évoqué la possibilité "d'élargir" les gardes à d'autres professionnels de santé, notamment aux infirmières, dentistes et aux sages-femmes dès l'automne prochain.
Le Gouvernement maintient aussi son objectif de déployer le service d'accès aux soins (SAS) "d'ici cet été sur les 20% du territoire qui en sont encore dépourvus" afin, notamment, de désengorger les urgences.
Un taxe lapin à 5 euros
Alors que "entre 20 et 30 millions de consultations sont perdues chaque année à cause de ces rendez-vous non honorés", le Gouvernement s'est décidé à instaurer une taxe lapin. Une idée sur laquelle il planchait depuis plusieurs mois. Celle-ci prendra le nom de "mécanisme de responsabilisation". Concrètement, "il y aura sur les plateformes de rendez-vous en ligne une retenue de 5 euros, grâce à l’empreinte de carte bleue, si un patient prend un rendez-vous chez un médecin et ne s’y rend pas sans avoir prévenu au plus tard 24 heures avant. Cette retenue sera versée au médecin", a détaillé Gabriel Attal. "La loi donnera aussi la possibilité aux médecins ne passant pas par une plateforme de demander cette empreinte bancaire au moment de la prise de rendez-vous", a-t-il ajouté, estimant qu'on "ne peut plus se permettre" cette perte de temps médical.
L'AFP précise néanmoins que le mécanisme restera à la main du médecin, qui pourra décider de ne pas appliquer cette pénalité financière s'il juge les raisons de l'absence du patient valables. Par ailleurs, cette mesure nécessite une loi, qui sera rapidement examinée par le Parlement, en vue d'une entrée en vigueur en 2025.
Nous voulons garder le meilleur et le plus beau système de santé au monde. Et nous allons y arriver.
Pour continuer de se battre pour lui, nous allons grâce à ces nouvelles mesures reconquérir 15 à 20 millions de rendez-vous médicaux chaque année et simplifier le quotidien de… pic.twitter.com/sass8y4R0O— Gabriel Attal (@GabrielAttal) April 6, 2024
[avec Le Parisien-Aujourd’hui en France, Sud-Ouest et AFP]
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